A l’origine des camées
Dans la nuit du 15 au 16 juillet 1823, un incendie détruit la basilique romaine et détériore la série des médaillons initiée au Vè siècle par le pape Léon le Grand et continuée par Salvatore Monosilo à la demande du pape Benoît XIV. Lors de la restauration, le pape Pie IX demande aux artistes du « Studio Vaticano » de réaliser 255 médaillons en mosaïque, des camées.
Cette reconstruction coïncide alors avec les découvertes des sites antiques de Rome. Le Pape rencontre également des difficultés avec l’avancée de l’unité italienne, menaçant ses États. Dans les États catholiques de l’empire allemand comme en France, tout un courant de sympathie entoure le Saint-Siège. La collection des camées de Notre-Dame en est sans doute l’un des signes tangibles. À cette époque également, les camées de Torre des Greco sont en vogue dans l’empire allemand.
Sur leur origine, les archives du chapitre de la cathédrale Notre-Dame de Paris donnent peu de précisions. Les ateliers de Torre des Greco les sculptent. Un riche donateur bavarois les remet au chapitre en 1887. Le chapitre délibère en mai 1888 : « On a proposé et accepté de mettre les camées des Papes dans la salle capitulaire« . C’est le seul document historique obtenu auprès du chapitre.
Grande finesse des camées
Ces camées sont des joyaux d’une grande finesse. Les artistes de Torre des Greco donnent à chacun des papes des gestes variés, hiératiques sans doute, mais vivants. Les poses sont diverses, moins conventionnelles que les médaillons romains. Les vêtements diffèrent : chape ou camail, tiare, deux ou trois couronnes, mitre lévitique, simple calotte ou le camauro. Les mouvements sont souvent expressifs : les uns bénissent, d’autres méditent devant le crucifix ; certains de profil ou de face, d’autres assis, ou debout comme Pie VI dans un geste de fermeté ou en mouvement comme Innocent XII.
Maître Goudji et Maître Pierre Rouge-Pullon réalisent les camées des dix derniers papes, de Léon XIII à Benoît XVI à l’occasion du 120ème anniversaire de la collection en septembre 2008. Ils sont comme les précédents, finement sculptés sur coquille, et leur cadre est en argent
D’après « Les camées de Notre-Dame de Paris » par le Chanoine Jacques Fournier (1997)