Ars antiqua
La période de transition entre l’école de Notre-Dame et l’Ars Nova est appelée « Ars Antiqua ». Elle se situe de 1250 environ à 1320. A cette époque Notre-Dame perd sa suprématie musicale. La polyphonie gagne l’Europe entière. D’autres centres musicaux se montrent plus actifs. Les rapports tendus entre le clergé et le roi Philippe le Bel, l’absence de figures charismatiques et le désintérêt à engager des musiciens de renom expliquent cette baisse de qualité. Par ailleurs, les travaux de modifications architecturales de la cathédrale au XIIIe siècle privent sans doute les choristes de mettre en valeur leur art. Indirectement, la Sorbonne contribue à faire renaître la musique à Notre-Dame. Le renom et l’autonomie acquise par l’université porte un coup fatal à l’enseignement de la théologie à Notre-Dame. L’école épiscopale se recentre sur l’apprentissage de la liturgie.
Jean de Gerson (1363-1429), chancelier de la cathédrale, rédige en 1408 le premier règlement intérieur de l’école. Il y écrit que « la communauté des enfants voués au service divin est la partie de l’Église la plus belle et la plus féconde ». Ce règlement s’impose jusqu’à la réforme laïque de 1807. Il astreint les enfants à une vie quasi monastique. Il abolit également le déchant, au profit du plain-chant et du contrepoint.
Maitres de musique et organistes
Au XIVe siècle, l’enseignement est complètement réorganisé. Les premiers maîtres de musique apparaissent et prennent le relais des chantres qui, jusque-là, assurent l’enseignement de la musique. Le personnel artistique de Notre-Dame compte huit enfants de chœur et dix-huit hommes. Jacques de Villejuif, nommé en 1356, est le premier maître de musique connu. L’année suivante, un document atteste pour la première fois de la présence d’un orgue permanent. Cet instrument existe depuis quelques décennies. Le premier titulaire connu, Jean de Bruges, apparaît dans les livres en 1334. Renaud de Reims, titulaire de 1392 à 1415, donne l’impulsion pour construire le premier orgue en fond de nef. Il est l’œuvre de Frédéric Schambantz.
Pierre Chabanceau de La Barre, titulaire de 1580 à 1600 est loué de son vivant bénéficie encore de notoriété. Longtemps, les organistes, parfois excellents musiciens, sont cantonnés à improviser brièvement entre les versets, chantés par le chœur ou les chantres. Seuls les maîtres de musique de l’école peuvent composer les motets, psaumes et messes chorales.
Ces maîtres de musique jouissent d’un prestige croissant. Un vent de nouveauté souffle en 1498 avec la nomination d’Antoine Brumel. Le futur maître de chapelle du duc de Ferrare apporte avec lui une nouvelle forme de polyphonie franco-flamande. Son séjour à Paris marque ses contemporains. A partir de 1507, Louis Vanpulaer poursuit dans cette nouvelle voie.
Les petits chanteurs de Notre-Dame
Vers 1550, Jacques Hérissant porte le nombre des écoliers à douze. La réputation des petits chanteurs de Notre-Dame est alors telle que le Duc de Guise entreprend en 1576 de faire enlever le jeune élève Ruffin, ému par sa voix. Par chance, la tentative échoue. En 1628, un litige oppose Louis XIII et le Chapitre de la cathédrale au sujet de l’enfant Michel Preux, prêté à la Chapelle du Louvre et que le roi tarde à rendre.
Après les temps troublés de la Ligue, Abraham Blondet rend son éclat à la maîtrise. En 1606, il met en musique une tragédie sur la vie et le martyre de sainte Cécile, La Céciliade, présentée par ses élèves avec un vif succès.