De Jérusalem à Paris
L’histoire des reliques trouve son origine à Jérusalem, avec la condamnation à mort du Christ. En effet, la veille de sa crucifixion, un jeudi, les soldats romains se moquent de lui, le revêtant d’un manteau de pourpre. Ils le coiffent également d’une couronne garnie d’épines, en guise de parure royale. Dès le IVe siècle, les récits des pèlerins mentionnent la vénération des instruments de la crucifixion. Autour du Xe siècles, ces reliques seront progressivement transférées à Constantinople, à l’abri des pillages. En 1238, Baudouin II de Courtenay, l’empereur latin de Byzance en difficulté financière, vend la couronne d’épines à Louis IX, futur saint Louis.
Saint Louis
Le 19 août 1239, les reliques, présentées quelques jours plus tôt au roi à Villeneuve-l’Archevêque, arrivent en procession à Paris. Saint Louis délaisse alors sa parure royale, endosse une simple tunique et, pieds nus, porte la couronne d’épines jusqu’à Notre-Dame de Paris. Pour conserver ces reliques, il fait édifier un reliquaire monumental : la Sainte-Chapelle.
Après la Révolution française
Durant la Révolution française, l’abbaye de Saint-Denis puis la Bibliothèque Nationale hébergent les reliques. Suite au Concordat de 1801, l’archevêque de Paris reçoit la couronne d’épines avec d’autres reliques. Elles sont déposées au trésor de la cathédrale le 10 août 1806 où elles sont encore conservées et placées depuis 1923, sous la garde statutaire des Chevaliers du Saint-Sépulcre de Jérusalem.
Les reliques
La Couronne d’épines est sans doute la plus précieuse et la plus vénérée des reliques conservées à Notre-Dame. Porteuse de plus de 1600 ans de dévotion fervente, la Couronne d’épines est l’une des plus importantes reliques de la Chrétienté, témoignage de la vie de Jésus-Christ sur terre, de sa Passion et de sa promesse de Rédemption, « car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. » (Jn 3:16). Elle est constituée d’un cercle de joncs réunis en faisceaux et retenus par des fils d’or. Elle ne comporte plus aucune épine tant celles-ci ont été dispersées dans le monde au cours de l’histoire. Depuis 1896, un tube de cristal et d’or protège la couronne. La monture ajourée figure une branche de zizyphus ou Spina Christi, arbuste épineux fréquent en Palestine. Ce reliquaire, offert par les fidèles du diocèse de Paris, est l’œuvre de l’orfèvre Poussielgue-Rusand (1861-1933) d’après les dessins de l’architecte Astruc (1862-1950).
Le fragment du bois de la croix provient aussi du trésor de la Sainte-Chapelle. Prélevé lors de la destruction du reliquaire à la Révolution, un membre de la commission temporaire des Arts sauve le bois qui le remet à l’archevêque de Paris, en 1805. Conservé dans un écrin de cristal, ce fragment mesure 24 cm. Il présente à son extrémité une mortaise destinée à son encastrement. Cet élément correspondrait à l’une des traverses de la croix.
Le clou, mesurant 9 cm, provient du trésor du Saint-Sépulcre à Jérusalem. Le Patriarche de Jérusalem le remet, avec d’autres reliques de la crucifixion, à l’empereur Charlemagne en 799. C’est à Aix-la-Chapelle que le roi Charles II l’enlève pour l’offrir à l’abbaye de Saint-Denis. À la Révolution française, un membre de la Commission temporaire des Arts sauve ce clou, avec le fragment de bois. Il est conservé dans un reliquaire en forme de clou, simple tube de cristal orné d’une tête et d’une pointe en argent doré.