Un quartier en chantier
Pour construire un vaste édifice, il est nécessaire de disposer de grands espaces pour installer le chantier et entreposer les matériaux. C’est pourquoi Maurice de Sully décide de détruire la cathédrale Saint-Etienne. La surface libérée sert de chantier avant de se transformer en parvis. La construction de la cathédrale s’effectue depuis l’est de l’ancienne église. De même, pour acheminer les matériaux, il est nécessaire de circuler facilement. Or, le quartier ne dispose que de ruelles étroites et de deux petits ponts pour accéder sur l’île. Louis VI ordonne la construction d’un grand pont, appelé Pont-aux-changes. Quant à Maurice de Sully, il fait percer une grande artère de six mètres de large, appelée rue Neuve-Notre-Dame, utile autant au chantier qu’aux processions.
Un ensemble de paroisses
Au Moyen Age, les lieux de culte sont très nombreux, de tailles et d’obédiences variées. L’église cathédrale de Paris est la seule église paroissiale jusqu’au XIIe siècle. Les autres ont le statut de chapelle. En 1182, Philippe Auguste ordonne l’expulsion des juifs de France. Leur synagogue, sur l’île de la cité, est donnée à l’évêque. Maurice de Sully réforme les lieux de culte de l’île. L’ancienne synagogue est transformée en église sous le nom de Madeleine-en-la-Cité. Elle est la dernière des douze églises paroissiales créées par Maurice de Sully, parmi lesquelles Saint-Barthélemy, Saint-Jean-le-Rond, Saint-Denis-de-la-Chartre, Sainte-Croix, Saint-Germain-le-Vieux, Saint-Pierre-les-Arcis, Saint-Christophe, Sainte-Marine, Saint-Pierre-aux-Bœufs. On y célèbre surtout les sacrements de l’eucharistie et de la confession. Les baptêmes et les funérailles sont exclusivement célébrés à Notre-Dame. Le mariage n’est pas encore reconnu comme un sacrement de l’église. D’autres lieux de culte restent des chapelles comme Saint-Symphorien, Saint-Aignan, Saint-Denis-du-Pas. Tous ces lieux, à l’exception de la chapelle Saint-Aignan, ont disparu à la suite de la Révolution.
L’Hôtel-Dieu
L’hôtel-Dieu est le principal hôpital de la ville. Il est destiné aux pèlerins, pauvres et malades. Les dons pour l’hôtel-Dieu affluent. Ils proviennent du roi, des chanoines qui lèguent leur literie et de divers dons immobiliers. Ces revenus permettent la construction d’une chapelle et de la grande salle saint Denis. On y entre depuis le nouveau parvis, ce qui confère à l’établissement un emplacement privilégié. Placé le long de la Seine, côté sud, l’hôtel-Dieu bénéficie de l’accès à l’eau et de la lumière pour un meilleur confort. Il est déplacé au XIXe siècle pour investir la partie nord de l’île où il se trouve actuellement.
Le palais épiscopal
Avant la construction de la cathédrale, la demeure de l’évêque, ou palais épiscopal, se trouve près du chevet de l’ancienne cathédrale Saint-Etienne. Maurice de Sully fait édifier un nouveau palais épiscopal terminé autour de 1170. Il est pourvu d’une grande salle à deux niveaux et d’une chapelle également à deux niveaux. Une haute tour symbolise le pouvoir de gouvernement de l’évêque. Elle renferme également une prison et des greniers. Une galerie permet à l’évêque d’accéder directement à la Cathédrale depuis sa résidence. Le palais est aussi le siège du pouvoir spirituel. Le tribunal de l’officialité, organisme juridique dépendant de la curie du diocèse, se tient dans la salle basse. Dans la salle haute, des assemblées présidées par l’évêque se réunissent pour discuter des affaires du diocèse ou des problèmes de l’Eglise. Dès 1241, l’évêque autorise le chapitre à utiliser la galerie de liaison pour le dépôt des ornements liturgiques et mettre à l’abri le trésor. Plus tard, le bras du transept est allongé et la galerie n’a plus son usage. Après l’érection du diocèse de Paris comme archevêché en 1622, le cardinal de Noailles entame à la fin du XVIIe siècle de grands travaux pour remplacer les bâtiments disparates qui s’étaient peu à peu ajoutés à l’édifice initial. Au palais médiéval, s’adjoint un nouveau palais qui s’étend jusqu’au chevet de la cathédrale.
Le palais est victime de deux émeutes et pillages successifs sur fond d’anticléricalisme, le 29 juillet 1830, puis les 14 et 15 février 1831. L’édifice est alors pris d’assaut et saccagé. La destruction du palais est actée quelques années plus tard.
Plusieurs projets visant à construire un nouveau palais pour l’archevêque verront le jour, dont celui de Viollet-le-Duc en 1859, mais aucun d’entre eux ne se concrétisera.