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L’art du vitrail
L’art du vitrail se développe au XIIe siècle. Le percement des murs de l’architecture gothique permet l’épanouissement des grandes verrières et matérialise une intention spirituelle lancée par l’abbé Suger à la basilique Saint-Denis : offrir aux fidèles la sensation d’entrer dans l’édifice comme dans un écrin monumental baigné d’une lumière colorée. Les chantiers successifs de Chartres, Paris et la Sainte-Chapelle permettent la maitrise de la technique Pour fabriquer des vitraux d’une grande intensité de couleurs, il est nécessaire de disposer de pigments en grande quantité, rares et onéreux. Ils proviennent parfois de pays lointains comme le lapis-lazuli, extraits dans les mines d’Afghanistan, avec lequel obtenir un bleu profond. La qualité des vitraux de Paris prouve les importantes dépenses financières recueillies et engagées dans la construction de la cathédrale. En architecture, la rosace est la forme de la baie ajourée dans le mur, alors que la rose est le nom du vitrail.
Destructions et restaurations des vitraux
Avec le temps, la cathédrale souffre des intempéries. Les vitraux ne sont jamais nettoyés. Ils se salissent et leurs couleurs s’altèrent. Au XVIIIe siècle, l’effet lumineux et coloré a disparu. A l’époque de Louis XV, les chanoines font détruire une partie des vitraux médiévaux pour les remplacer par du verre blanc aux sensations plus claires et modernes. Les roses du transept sud sont les vitraux anciens les mieux conservées.
L’histoire de la rose sud
La rose sud, dit aussi rose du midi est offerte par le roi saint Louis. Elle est édifiée en 1260 en écho à la rose nord, édifiée vers 1250.Sa conception est l’œuvre de Jean de Chelles, puis de Pierre de Montreuil. Elle mesure presque treize mètres de diamètre. Avec la claire-voie sur laquelle elle repose, la hauteur totale de vitrage atteint près de dix-neuf mètres. Dès le XVe siècle, elle souffre de problèmes de stabilité des couleurs. De 1725 à 1727, le cardinal de Noailles finance sa reconstruction et fait placer ses armoiries au centre. L’architecte Germain Boffrand dirige les travaux. Le maitre verrier Guillaume Brice y incruste des éléments anciens. Lors des restaurations du XIXe siècle, Viollet-le-Duc demande au verrier Alfred Gérente de laisser ces ajouts. Il reconstitue les médaillons manquant dans l’esprit du Moyen Age, en s’inspirant des vitraux de Chartres.
Composition et iconographie de la rose sud
Elle comporte quatre-vingt-quatre panneaux répartis sur quatre cercles. Leur nombre s’articule sur les chiffres symboliques quatre, douze et vingt-quatre. Les douze apôtres sont répartis dans les deux cercles. Ils se mélangent à des saints martyrs souvent honorés en France parmi lesquels Laurent, Denis (premier évêque de Paris), Pothin (évêque de Lyon), Marguerite, Blandine, Georges, Ambroise, Eustache. Le troisième et le quatrième cercle décrivent des scènes du nouveau et de l’ancien testament, fuite en Égypte, guérison d’un paralytique, jugement de Salomon et annonciation. Neuf scènes de la vie de Saint Matthieu datent de la fin du XIIe siècle. Les deux écoinçons représentent d’un côté la descente aux enfers, entourée de Moïse et Aaron (en haut) et de la tentation d’Adam et Eve (en bas) ; de l’autre, la résurrection du Christ, avec saint Pierre et saint Paul (en bas), sainte Madeleine et saint Jean (en haut).
Les grands prophètes
Les quatre prophètes Isaïe, Daniel, Jérémie, et Ezéchiel sont présents sous la rose. Ils portent respectivement sur leurs épaules les quatre évangélistes Matthieu, Marc, Luc et Jean. Cette représentation illustre la méditation de Bertrand, évêque de Chartres au XIIIe siècle : Nous sommes comme des nains montés sur les épaules de géants, si bien que nous percevons bien plus de choses qu’eux, non que notre vision soit plus perçante ou notre taille plus haute, mais parce que nous sommes transportés et élevés plus haut grâce à leur taille gigantesque.
La rose ouest
La rose ouest développe vingt-quatre rayons sur trois cercles concentriques. La Vierge à l’enfant domine le centre de la composition. Le premier cercle représente les douze tribus d’Israël. La moitié supérieure de la rose décrit par paires les vices et les vertus. Les douze signes du zodiaque associés aux travaux des mois de l’année recouvrent la moitié inférieure de la rosace.
Les verrières hautes
Elles sont l’œuvre du maitre verrier Jacques le Chevallier, réalisées en remplacement des verrières blanches du XVIIIe siècle. A la demande du cardinal Verdier, un premier projet figuratif voit le jour en 1938. Les douze verrières sont descendues lorsqu’éclate la guerre. Après-guerre, l’artiste reçoit une nouvelle commande des Monuments Historiques pour un projet plus novateur. Le Chevallier réalise un ensemble non figuratif, en rupture avec le style gothique. Pour Le Chevallier, l’art abstrait est porteur d’une forte dimension spirituelle. Les verrières prennent place en 1966.