Deuxième conférence de Carême 2023 : « Nous avons abandonné notre premier amour »

 

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Texte de la conférence
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Nous avons abandonné notre premier amour (Ap 2)

Charlotte Reynaud écrit un magnifique éditorial dans Paris Notre-Dame.
« Ouvrons les yeux ! ». À l’heure où les révélations s’enchaînent, dévoilant toujours un peu plus ce que l’âme humaine peut porter de noirceur, ce thème des conférences de Carême se révèle une injonction d’une cruelle actualité ».
Charlotte ajoute :
« Ouvrons les yeux. Dieu fait du neuf aujourd’hui » précise le titre invitant à poser un regard d’espérance. Celui qui voit l’action de Dieu aujourd’hui dans sa vie ».
Charlotte précise :
« Mon regard se porte sur Notre Dame. De tout ce joyau architectural, ce n’est ni la flèche détruite, ni les rosaces privées de lumière, signes grandioses de la prouesse des hommes.
Mais la gargouille, humble et laide servante, qui fait seule encore son office.
Crachant son filet d’eau aux jours de grandes pluies.
Sans faire de théologie de la gouttière, conclut Charlotte, il y a quelque chose d’inspirant à considérer que le plus petit des serviteurs n’est pas le moindre. Encouragement à reconsidérer la force de nos plus humbles engagements ».

Chers amis,
Ah ! si les gargouilles de nos cathédrales pouvaient parler.
Elles seraient de redoutables conférencières de Carême.
Elles, que les architectes conçoivent pour rejeter le trop plein.
Et du trop-plein, il y en a en ce moment !
Elles qui captent, de jour et de nuit, la rumeur de la ville au-delà de tout horaire de permanence.
Elles dont la symbolique est à la fois de scruter de si près ce qui est dans l’homme,
mais aussi, de lui rappeler sa propre impuissance à se guérir lui-même.

La gargouille, dans sa mission ingrate et pluri séculaire, a peut-être croisé l’ange de l’Église qui est à Ephèse.
Au chapitre deuxième de l’Apocalypse.
L’ange reçoit injonction d’écrire :
« J’ai contre toi que ton premier amour, tu l’as abandonné ! » (v4)
La phrase ne tombe pas en méconnaissance
du contexte.
Elle n’est pas un coup d’éclat isolé de tout discernement.
L’ange doit d’abord graver :
« Je connais tes actions, ta peine, ta persévérance. Je sais que tu ne peux supporter les malfaisants. Tu as mis à l’épreuve ceux qui se disent apôtres et ne le sont pas. Tu as découvert qu’ils étaient menteurs ».
En soi, l’Eglise qui est à Ephèse est reconnue pour sa volonté d’abnégation.
Tout le propos abonde en ce sens :
« Tu ne manques pas de persévérance. Et tu as tant supporté pour mon nom. Sans ménager ta peine ».

Si l’on procède à l’audit de l’Église qui est à Ephèse, les constatations sont avantageuses :
Située non loin de l’île de Samos, cette métropole est dotée d’un port artificiel pouvant accueillir de gros bateaux. Elle rivalise avec le port de Milet. Les Romains ne manquent pas de considérer ses atouts d’être reliée aux autres villes clés. Bref, la cité la plus accessible d’Asie par terre et mer. L’emplacement géo économique favorise le développement de l’activité culturelle. Son climat est clément, le sol est fertile. Mentionnons aussi à Ephèse le temple de Diane, et aussi l’amphithéâtre, peut-être le plus imposant qui soit à l’époque. La communauté juive est vivante en ce lieu. On comprend que Paul choisisse d’intensifier son activité missionnaire en cette cité propice.

Paul demeura trois ans à Ephèse (Actes 20,31) ce qui est considérable
parmi l’ensemble de ses séjours apostoliques. C’est dire le soin et l’affection qu’il porte à cette Église.
Grâce à l’école d’un certain Tyrannus, il répand la bonne nouvelle du Christ.
Apollos, quant à lui, n’a pas manqué d’être brillant orateur à Ephèse, même si Priscille et Aquilla lui seront précieux pour ancrer sa prédication en Jésus mort et ressuscité (Actes 18, 26).
Plusieurs de ceux qui avaient pu être séduits par la magie ou le para normal se convertissent à la Bonne Nouvelle.
Bref, Ephèse est dynamique.
On y grandit dans la foi.
On est solidement formés.
On n’y entend pas les moindres orateurs.
« Je ne cesse de rendre grâce à votre sujet lorsque je fais mention de vous dans mes prières » leur écrit Paul (Eph1, 16)
Alors pourquoi cette perte du premier amour déplorée par le Seigneur ?
Et pourquoi nous y attarder en 2023 ?

Permettez que je développe quatre raisons majeures :

1) En toute expérience existentielle, le premier amour, au sens plénier du terme, s’empare de tout notre être.
Je ne parle pas ici du sentiment fugace.
Mais de ce qui nous saisit au plus intime de nous-mêmes. Qui inscrit en nous des dimensions déterminantes. Si les aléas de la vie, nous font abandonner ce premier amour, ou être rejeté par lui, sa mémoire intérieure ne s’efface jamais.
Quoiqu’on dise, quoiqu’on entreprenne comme relecture de soi,
le premier amour a donné et a reçu jusqu’à une implication des êtres qui ne s’oublie jamais au tréfonds de la personne.
Que ce soit dans le consentement mutuel de l’union des époux, que ce soit dans l’amitié et sa profondeur spirituelle, que ce soit dans des vocations spécifiques ordonnées et consacrées. Que ce soit dans des projets impliquant toute la plénitude de l’être. Que ce soit dans des dynamismes relationnels, philanthropiques…est gravé à tout jamais, en la personne, le don de soi dans la réception de la grâce.
« Que Dieu achève en vous ce qu’il a commencé » n’est pas une vaine formule. Elle est attestation rituelle d’un désir et d’une fidélité.
L’écoute des personnes en pastorale et leur accueil au sacrement de la réconciliation sont une de mes grâces ineffables.
On se sent bien petits, quand les récits meurtris et enténébrés de l’âme humaine, nous sont confiés.
De ma longue expérience, je n’ai jamais entendu un frère ou une sœur faisant fi de la mémoire douloureuse de l’amour fondant leur vie.
Fut-ce dans le déni, les stigmates se portent toujours d’une rupture existentielle majeure.
Le cœur écoutant ne doit rien minimiser quand il y va de l’humain en Dieu, et de Dieu en l’humain.
Quand on se met en vérité devant Dieu, on ne peut tricher avec la source vive.
Quoiqu’en disent les esprits relativistes, rien ne peut être banalisé dans un « après » qui ignorerait la blessure vive du premier amour, au sens où nous l’entendons ici.
Augustin est sans doute un des témoins les plus impressionnants de cette affection de notre être.
La brûlure d’amour est perçue par lui avec ce sentiment que l’être ne sera en repos qu’en Celui dont il a toujours la recherche.
« Tard je t’ai aimée, Beauté ancienne et si nouvelle. Tard je t’ai aimée. Tu étais au dedans de moi. Et moi j’étais dehors. Tu étais avec moi, et je n’étais pas avec Toi ».

Cette clé augustinienne est décisive et parlante à notre anthropologie moderne :
Où étais-tu ? Où étais-je ?
Qu’en était-il de ce que nous ressentions ?

2) Une seconde perspective est à regarder en lucidité. Le premier amour, quand il engendre dans la foi, peut être le lieu le plus sublime, mais aussi le plus dévastateur. Parce qu’il mobilise tout ce que les néophytes ont de « neuf » en eux, il crédite une confiance envers le ou les fondateurs. Confiance aveugle ? Confiance subjuguée ? Les crises actuelles révélant abus et emprises sont indicatives de la terrible instrumentalisation du premier amour. Abuser du zèle et de la générosité sans limites rationnelles peut caractériser des attitudes pionnières. Tout est à neuf. Tout commence. Tout va démentir tant d’autres manières de croire, de célébrer, de vivre.
Les conversions, non encore relues par les personnes, sont ce qui doit être le plus respecté. « Ôte les sandales de tes pieds, car le lieu dans lequel tu te tiens est une terre sainte » (Exode 3,5) Les engagements spirituels sont implications de l’intime de la personne dans son intégrité, et elles sont œuvre de Dieu en elle.
Trahir le premier amour de la relation au Christ peut donc aussi hélas, signifier en avoir pris possession dans l’emprise la plus insidieuse.

3) Notre troisième remarque est corrélée à la précédente. Tout va tellement bien à Éphèse que la vigilance n’est plus entretenue sur ce qui est moteur. « Rappelle-toi d’où tu es tombé. Convertis-toi. Reviens à tes premières actions » insiste l’Apocalypse.
Nous traversons des temps dont le dépouillement est inédit mais salutaire.
Plus aucune parole d’Eglise, dans son expertise en humanité, n’est audible si elle n’est conversion première de la source émettrice.
Les gens n’attendront plus rien de nous, si nous ne commençons à vivre ce que nous prêchons.
Nous avons oublié que c’est notre fragilité qui nous donne de communier aux attentes de l’humain. Nous avons oublié que nous sommes sacrement de Celui qui sauve, et en aucune façon, sauveur à la place du Sauveur.

Tout va bien quand on s’analyse soi-même. Ou, plus exactement, tout va à l’aune de nous-mêmes. Saint Bernard nous avertit : « Celui qui se prend pour son propre maître, celui-là est un sot ». On comprend pourquoi le Pape François insiste tant contre ce qu’il appelle l’auto référentiel. A ne se considérer qu’en miroir d’elle-même, la vie apostolique la plus dynamique peut se dessécher de l’intérieur et ignorer ce qui doit se convertir en elle. Oui, prenons garde à tout ce qui nous auto réfère.

4) Ces trois insistances nous mènent à la qualification de ce premier amour. Cet « amour d’antan » propose une traduction biblique. Cette « première charité », en suggère une autre. Ce surgissement initial.
Cet élan premier. Cet Agapé fondateur.
L’aurions-nous perdu ?
L’avons-nous abandonné ?
Nous avons vu dimanche dernier, que le nombre d’années n’était pas le seul critère éclairant l’usure.
Il nous faut aller plus loin.
Il ne suffit pas, en effet, de « booster » comme l’on dit familièrement, de booster l’expression de sa foi pour qu’elle soit ardente.
Sans conversion, il n’y a pas âme qui vive.
Sans retournement, il n’y a pas joie, fruit spirituel authentique.
Sans imploration, il n’y a pas renouvellement.
Dieu fait du neuf aujourd’hui, dans les cœurs qui se laissent réconcilier par sa grâce.
Dieu fait du neuf aujourd’hui, dans ceux qui deviennent ambassadeurs de sa réconciliation.
Ambassadeurs, non porteurs de mallette.
Mais ambassadeurs d’un amour blessé dans l’écharde paulinienne, et soignés par le baume de la paix divine.
On ne donne que ce que l’on reçoit.
« Nous sommes tous malades » disait François de Sales en précurseur de nos crises, et dans l’incarnation des tempêtes de son siècle.
« Genève, mon Église est une barque fracassée ».
« Nous sommes tous malades et l’Eglise est l’apothicaire. Les sacrements sont les médicaments » complétait-il.
N’entendons-nous pas le Pape François qualifier l’Église d’hôpital de campagne ?
Puisse ce Carême nous retourner vers la certitude que l’apothicaire est d’abord pour nous. Vous et moi.
Nous avons abandonné notre premier amour. Plus je prie sur cette expression, plus je me sens incité à vous convier auprès de saint Newman.
Dans la justesse théologique qui était sienne, il lisait, en cet amour fondateur, la ferveur !
Écoutons-le :
« Ô puissé-je ne jamais perdre, à mesure que les années passent, que le cœur se ferme, que toute chose devient un fardeau, puissé-je ne jamais perdre ce jeune, cet ardent, ce vivant amour pour toi »
Oui, le jeune amour newmanien est ferveur.
Et cette ferveur ne peut brûler en soi si elle n’est invoquée. Cherchée, creusée en sa source.
La quête de Newman résonne d’une intense actualité :
« Je te demande, Seigneur, la ferveur.
Elle est le couronnement de tous les dons et de toutes les vertus.
En demandant la ferveur, Seigneur, je demande la force. La constance. La persévérance. Je demande la foi, l’espérance et l’amour. En demandant la ferveur, je demande à être délivré de toute crainte et de tout désir d’être loué.
Je demande le don si doux de la prière.
Je demande à la fois la sainteté, la paix, la joie ».
Newman nous introduit au cœur nucléaire de cet Agapé :
« Seigneur en Te demandant la ferveur, je Te demande toi-même. Je ne demande rien d’autre que Toi, ô mon Dieu qui T’es donné entièrement à nous.
Entre dans mon cœur et remplis-le de ferveur. En le remplissant de Toi.
Toi seul peux remplir le cœur de l’homme comme Tu as promis de le faire.
Tu es la flamme vivante qui brûle d’amour pour les hommes. Entre en moi, pour que je sois semblable à Toi. Enflamme-moi de Ton feu ».
Pour qui connaît un tantinet Newman, on ne peut le suspecter de chercher dans cette prière la dérobade à ce qui relève de la responsabilité, de la lucidité, de la réactivité.
Ce qui est fort et décisif, en la demande de Newman, est que la ferveur « n’est rien d’autre que Toi ».
Rien d’autre que Celui qui n’aliène jamais la liberté intérieure, mais vient chercher l’homme à la fine pointe de son âme.
La brûlure d’amour, la ferveur première sont passées au creuset de la pauvreté humaine.
L’abandon du premier amour ne se discerne avec justesse que dans l’abandon filial.

Newman, et tant d’autres inconnus, les saints de la porte d’à côté de chez nous, sont comme le grain de blé moulu, archi moulu à l’expérience.
À l’épreuve de la persévérance.
À la dépossession de soi.
Au martyre de la communion.
À la fraternité si précaire et tant attendue.
Vous comprenez, chers amis, mon insistance sur l’abandon du premier amour.
Nous sommes souvent comparables à l’Église qui était à Éphèse.
Et comme nos aînés dans la foi.
Notre détestation du mal ne nous préserve pas d’y succomber.
Écoutons le verset 6 d’Apocalypse 2 :
« Pourtant tu as cela pour toi que tu détestes les agissements des Nicolaïtes. Et je les déteste moi aussi ».
Vient alors au verset 7 ce qui devrait être notre leitmotiv :
« Celui qui a des oreilles, qu’il entende ce que l’Esprit dit aux Églises ».

Je n’entre pas ici dans le détail de l’historicité du nicolaïsme.
Je note surtout, pour notre route de 2023, qu’il est un dualisme radical.
Sa détestation ne suffit pas à en être préservé.
Tout dualisme est fossoyeur de la vérité dans la liberté.
C’est au cœur de l’homme que se situe la ligne de crête.
Il n’existe pas une illusoire ligne Maginot de la performance.
C’est en nous que se livre le combat.
Ah ! si Ephèse écoutait ce que l’Esprit dit aux Églises.
Ah ! si nous écoutions l’Esprit qui suscite la nouveauté.
L’emprise et les abus commencent quand quelqu’un, ou quelqu’une, vous éblouit comme les lapins devant les phares de voiture.
Cette illusoire perfection est dévastatrice.
Elle séduit sur le faux.
Elle ne peut que nuire.
La détestation du mal, quand elle est prêchée par « plus pur que pur », est un paganisme. Une perversion de la générosité.
Elle n’est pas du ressort de l’évangile. Convertis-toi, et crois à l’amour.
Commence à vivre ce que tu prêches !
Un de mes prédécesseurs à la chaire du Carême de Notre-Dame s’est rendu percutant sur cette conversion.
Le Père de Ravignan.
Lacordaire disait de lui :
« Pour moi, la foule monte peut être sur les confessionnaux pour me voir et m’écouter ; le Père de Ravignan lui, fait entrer les gens dans les confessionnaux, pour leur conversion ! ».
N’est-ce pas l’urgence apothicaire, chers amis !
Le Père de Ravignan dit dans sa prière :
« Seigneur, combien de fois ai-je oublié la grandeur de votre miséricorde ? L’innocence et la pureté de mes premières années, que sont-elles devenues ? Je suis faible et infirme. Vous me relèverez. Appuyé sur vous, j’espèrerai encore ! ».

Appuyé sur toi, j’espèrerai encore !
La trahison du premier amour n’est pas seulement dans son abandon.
Mais elle est de ne le voir que chez autrui.
Dans l’œil du voisin, sans jamais reconnaître la poutre de notre suffisance.
Vous avez bien perçu que Dieu s’adressant à Ephèse ne met pas en question sa constance.
Il reconnaît même :
« N’as-tu pas souffert pour mon nom sans te lasser ? »
Allusion à une persécution passée.
C’est peu dire que les mérites d’Ephèse sont grands.
Mais le Carême n’est pas une méritocratie.
Il est chemin de cendres.
Il est une montée vers la Jérusalem du plus grand amour.
Ce que Dieu désire est un amour qui ne passera jamais.
Dieu n’attend pas la cymbale retentissante redoutée par St Paul aux Corinthiens
Mais un amour de dilection qui a sa source en Lui.
Un amour qui se diffuse en fraternité.
Fratelli tutti !
Et non bruyante démonstration !
Deus caritas est !
Et non Manipulation égoïste.
« Ubi caritas et amor
Ubi caritas Deus ibi est
 ».
Est-il un groupe de jeunes ou d’adultes reprenant ce chant sans déjà en faire expérience ?

Notre prédication ce soir, n’est donc pas celle de la rétro vision.
Le « premier amour » n’est pas dans la nostalgie idyllique.
Le premier amour est encore à naître.
Il est encore et toujours à consentir.
Il est et sera toujours premier, si nous considérons être aimés par Dieu avant de l’aimer.
Il est et sera toujours premier, si la conversion en est la boussole.

Parmi tant de sources dont Dieu a le secret, j’insiste sur une d’entre elles :
La grâce du sacrement de pénitence et réconciliation.

Tant de choses ont été dites sur ce sacrement. Le lieu n’est pas ici de l’ausculter dans sa pratique sociologique. Le lieu n’est pas ici d’en refaire toute la théologie.
Mais de dire combien le premier amour s’y confesse.
S’y confesse dans la double acception.
Confession d’un amour reçu de Dieu.
Confession d’une brisure si douloureuse venant de nous.
Chers amis, venez à la source !
Considérez la petite Thérèse de Lisieux si joyeuse quand elle quittait l’entretien sacramentel.
Si légère et toute renouvelée.
« Ma vocation dans l’Eglise, c’est l’amour ».
Frères et sœurs, décomplexons notre lien à ce sacrement vivifiant.
Il nous en coûte indéniablement d’erreurs objectives ou de perceptions plus diffuses au sujet de la finalité profonde de la pénitence et de la réconciliation.
Qui nierait les maladresses psychologiques ou pastorales, malmenant le don de cette rencontre ?
Qui nierait les réticences de notre être, soit à l’épiderme soit aux profondeurs phréatiques ?
Raison de plus pour en revisiter les fondements.
Et non en visiteurs de musée.
Mais en fils de Dieu. En frères des hommes.
Venant chercher la lumière auprès de Qui connaît l’homme mieux que lui-même.
Une des motions invitatoires du Rituel de la Réconciliation propose au prêtre de dire à la personne qu’il accueille :
« L’Esprit Saint vous a conduit jusqu’ici. Demandons-Lui de nous éclairer l’un et l’autre pour célébrer en Église le pardon du Seigneur ».

Y a-t-il pédagogie plus parlante ?
Y a-t-il plus belle façon de dire Dieu « faisant le neuf » en nous, tandis que nous ne le voyons pas encore ?
Mais tandis que nous sommes déjà sur le chemin.
L’Esprit Saint nous a guidés jusqu’à cette ineffable joie.
L’Esprit va éclairer l’un et l’autre.
Il s’agira de célébrer, et non de tenir tribunal.
Il s’agira du pardon en Église, et non d’une introspection repliée sur soi.
Dieu fait du neuf en quelqu’un !
Le ciel s’en réjouit. Et comment !
« Il y aura joie dans le ciel sur un seul pécheur qui se convertit, plus que sur 99 justes qui n’ont pas besoin de conversion ». Luc 15,7
Chers amis, ne nous volons pas cette joie du ciel.
Ne nous volons pas cette joie dès cette terre.
« Qui pourrait bien être ce juste qui n’a pas besoin de conversion ? » interroge Sœur Jeanne d’Arc.
Peut-être celui qui refuse la nouveauté venue de plus profond que lui.
Dieu fait du neuf dans le retournement des cœurs.
La grâce de la réconciliation se lit sur les visages quand les cœurs sont rénovés.
Il nous incombe d’en témoigner.
Il nous incombe d’accueillir nos frères à cette pastorale, dans la justesse et la vérité.

Écoutons St François de Sales, rédacteur d’un Mémorial aux confesseurs, mais surtout, (surtout !) confesseur de miséricorde, grand écoutant du cœur de l’homme :
« Souvenez-vous, écrit-il, que les pénitents au commencement de leurs confessions vous nomment Père.
Et qu’en effet, vous devez avoir un cœur paternel en leur endroit. Les recevant avec un extrême amour. Supportant patiemment leur rusticité et autres imperfections, ne vous lassant jamais de les aider et secourir tandis qu’il y a quelqu’ espérance d’amendement en eux ».

« Consoler autrui. Ne pas le désespérer » est son axiome.
« Jésus Christ notre Maître n’eût jamais destiné les hommes pour être confesseurs, s’ils n’eussent été pécheurs. Or, les confesseurs, étant eux-mêmes pécheurs, ils sont obligés d’être humbles, débonnaires et de se ravaler avec les pauvres pénitents par une douce condescendance. Cependant, c’est ce que la plupart des pères spirituels ne savent point faire, et je m’en étonne. Car la pierre de touche d’un parfait confesseur est qu’il soit pitoyable au vice d’autrui et implacable au sien propre. La véritable piété a toujours de la compassion. La fausse n’a que de la barbarie ».

Peut-on être plus clair ?
Peut-on mieux exprimer, voici quatre siècles et dans le contexte du Concile de Trente, sous la clairvoyance d’un Saint, ce qui peut dériver terriblement ?

François de Sales a raison.
Tant de pères spirituels croient savoir s’y prendre, et devraient commencer par cette réception novatrice en eux-mêmes.

« Recevoir avec un extrême amour » est la clé. Dieu fait du neuf, quand on est serviteurs de son action.
Jean-Paul II, dans son art de relier la phénoménologie et le témoignage, avait mis en exergue un paradoxe humain :
« La mentalité contemporaine semble s’opposer au Dieu de miséricorde. Elle tend à éliminer de la vie et du cœur humain, la notion même de miséricorde. Le mot et l’idée de miséricorde semblent mettre mal à l’aise l’homme qui, grâce à un développement scientifique et technique inconnu jusqu’ici, est devenu maître de la terre. Cette domination unilatérale et superficielle ne laisse pas de place semble-t-il à la miséricorde ».
Pourtant, note Jean Paul II :
« Bien des hommes et bien des milieux, guidés par un sens aigu de la foi, s’adressent quasi spontanément à la miséricorde de Dieu » (Dives in misericordia 2)
Depuis le propos de Jean-Paul II, l’évolution cosmologique et civilisationnelle s’est fragmentée, fracassée sur des défis inédits.
Le paradoxe, très bien repéré, s’est comme accentué et déplacé.
L’homme se découvre être un piètre maître du monde. Les convulsions climatique, sanitaire, géopolitique, sociétale le submergent.
Le paradoxe était de congédier tout recours à la miséricorde et d’en constater pourtant la nécessaire expression.
Le paradoxe devient tension féconde.
L’homme ne se sauvera pas de lui-même.
Il lui faut encore percer le mur d’airain de sa suffisance.
Nous ne sommes rien les uns sans les autres. Nous ne sommes rien sans nous recevoir d’un Autre.
La trace de Dieu vient comme se lire en autrui, dès lors qu’autrui nous importe.

Le premier amour, dont nous cherchons en ce dimanche la signification, s’inscrit dans ce paradoxe.
On ne va pas vers les fins dernières sans être ressourcés en lui.
Plus nous avançons, plus nous découvrons nous être encombrés.
On ne va vers l’horizon ultime, qu’en se délestant.
Le premier amour n’est pas la reviviscence de ce qui était vieux et devait mourir en nous.
Il est naissance. Il est le « déjà là »et le « pas encore » du Royaume.
Il est horizon eschatologique.
Il est au milieu de nous.
« On ne dira point il est ici, il est là »
J’aime la façon avec laquelle Jésus, en St Luc, nous dissuade d’épier le Royaume. Épier le royaume comme on épie un suspect, comme on traque quelqu’un. Comme si le Royaume se détectait dans la boule de cristal :
« Il est au dedans de nous au milieu de nous » suggèrent les traductions.
Newman l’avait bien énoncé :
Il n’est autre que Toi Seigneur.

 

Première conférence de Carême 2023 : « Naître… quand on est vieux »

 

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Texte de la conférence
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Naître… quand on est vieux ? (Jn 3)

Je remercie infiniment Mgr Ulrich de sa confiance.
Je suis très reconnaissant envers les diocésains de Paris pour leur hospitalité.
Je salue chaleureusement les auditeurs et téléspectateurs partageant l’amitié de ce chemin de Carême.
Je me sens tout petit devant l’exercice.
Tant de prédicateurs ont témoigné de leur érudition et de leur sainteté à la chaire de Notre Dame.
Je viens humblement au service de votre prière et de votre réflexion.
Mon charisme n’est pas celui de la spéculation.
Je l’admire chez de nombreux amis.
Je ne suis pas un homme de thèse.
Ma joie profonde est de prêcher « le Dieu du cœur humain »
Dieu du cœur humain, dont parle si bien St François de Sales.
Ma prière sur les événements du monde et de l’Eglise m’a orienté vers une urgence :
inviter Dieu à nous parler.
« Parle Seigneur, tes serviteurs écoutent ».
Inviter Dieu à se dire.
Plutôt qu’à prétendre parler de Lui indéfiniment.
Éclairés de l’intérieur par sa divine présence à nous-mêmes, discerner la puissance de conversion des signes des temps !
Que désires-tu nous signifier en ces temps chaotiques ?
Ma préparation intérieure de ces rendez-vous dominicaux se veut complémentaire de la richesse des chaires universitaires.
Le recul que je propose est également au service de nos routes synodales.
Mais il ne vient pas se substituer à elles.
Ma proposition voudrait être dépouillée des oripeaux.
Oripeaux du repli illusoire.
Oripeaux de la construction sur le sable.
Oripeaux de la polémique enfermante.
Oripeaux de l’idéologie.
La foi se tient à l’opposé de l’idéologie.
Elle ne triomphe pas du cœur humain au détriment de son consentement.
Le Carême est lieu de ce saisissement.
Nous ne sommes que cendres encore.
Mais « cendres aimées de Dieu » dit le Pape François.
Chers amis, notre route fraternelle est davantage « sous le sac et la cendre » dont parle le prophète Jérémie (6,26)
Nous jeûnerons et pleurerons devant Quelqu’un.
Découvrant au fil de notre méditation combien il est riche en Miséricorde.
Plaise à Dieu que je sois humble compagnon de votre quête.

À l’heure où nous parlons, Antakya, ville turque, est un champ de ruines.
Séisme meurtrier et sidérant.
Nos frères ont perdu leurs proches et leurs biens.
Antakya fut autrefois ville d’Antioche.
A Antioche, pour la première fois, les disciples professant que Jésus est le Seigneur reçurent le nom de chrétiens (Actes 11,26)
Dans ce même mouvement de réception du nom de chrétiens, la communauté d’Antioche fut visitée par des prophètes venant de Jérusalem.
L’un d’eux, sous l’action de l’Esprit Saint, leur annonça une grande famine.
Alors, ces disciples décidèrent d’envoyer de l’aide, chacun selon ses moyens, aux frères qui habitaient la Judée (11,29)
Sitôt nommés, sitôt agissants !
L’être chrétien n’est pas un trophée antique. Enfoui sous les gravats de la mémoire ou de la désolation.
Le nom de chrétiens ne se reçoit pas comme coquille vide.
Être chrétien est une vie ! Est la Vie surabondante de fraternité jaillie du don de la foi.
Être chrétien est une vocation saisissant l’homme tout entier.
Il est constitutif de l’être chrétien de sans cesse se recevoir de plus grand que soi.
Et de veiller à toujours sortir de son moi réducteur.
Comment ne pas être touchés que, dès son origine même, la dénomination de chrétiens ait cette puissance vivifiante, cette transcendance, cette altérité ?
La détresse actuelle d’Antakya, lieu de transmission de nos aînés d’Antioche, est comme une parabole pour notre marche vers Pâques. Le plus puissant des hommes n’empêche pas la fraternité de vibrer.
C’est quand nous sommes faibles que nous sommes forts.
Nous ne sommes rien les uns sans les autres.
Le plus puissant des hommes, fut-il dictateur féru de toute ingéniosité, n’empêche pas la terre de trembler.
Les événements nous instruisent.
Dieu vient nous y chercher dans l’errance de notre suffisance.

Comment ne pas se sentir proche du bienheureux Ozanam, de frère Lacordaire et de Mgr Quelen instituant en 1834 les conférences de Carême à Notre Dame. L’historien Yves-Marie Hilaire décrit la soif de cette époque.
Sans anachronisme, n’avons-nous pas de profondes similitudes avec les attentes qu’Ozanam sut discerner ?
L’être chrétien est comme un impressionnant fil rouge des conférences successives.
« Qui nous fera voir le bonheur ? »
« Seigneur unifie mon cœur afin qu’il craigne ton nom »
Le psalmiste exprime mieux que moi cette intuition.
Toute la splendeur et toute l’architecture des conférences discernées par Ozanam sont vouées à cette recherche inlassable.
Ceux qui me précèdent prêchèrent l’amour de Dieu en l’homme, et la conversion de l’homme vers Dieu.
Le nom de chrétiens se reçoit, se cherche, se désire, se cultive, se fortifie, se trahit, se défend au fil de nos expériences, humbles et diverses.
Il s’incarne dans l’enfouissement le plus ordinaire comme dans les circonstances explicites de la fidélité.
Il s’offre en oblation dans la persécution et le martyre.
Il est communion au Christ.
Une oraison du Missel dit : « Seigneur Dieu, tu montres aux égarés la lumière de ta vérité
pour qu’ils puissent reprendre le bon chemin. Donne à tous ceux qui se déclarent chrétiens de rejeter ce qui est contraire à ce nom et de rechercher ce qui lui fait honneur » (15e dimanche Temps ordinaire).

Permettez que je vous invite à quatre dispositions, quatre attitudes intérieures, quatre ouvertures à la grâce :

1) Il ne vous échappe pas que les titres de mes interventions sont des versets bibliques. Leur lectio est venue pétrir mon cœur et m’a inspiré de ne point chercher de « slogan mobilisateur » ailleurs que dans l’Ecriture, et grâce à sa fécondité. On ne titre pas des conférences de Carême pour la sensation d’attirer à soi. Le but est de se laisser saisir par la Parole dont nous vivons. Dans l’expérience de mon ministère se trouve une joie dominante et vivifiante : quand un catéchumène ou un baptisé s’éveille à la saveur nourricière de la Parole, il devient tout autre dans sa capacité à assumer sa responsabilité humaine et chrétienne.
Le Concile Vatican II insiste que tous ceux qui « vaquent normalement » au ministère de la Parole y soient assidus, s’attachent aux Écritures « de peur que l’un d’eux ne devienne un vain prédicateur de la Parole de Dieu au dehors, lui qui ne l’écouterait pas au dedans de lui » (Dei Verbum 25)
Je nous souhaite de grandir dans cette écoute du dedans. J’espère, le moins possible, faire écran à ce que le Seigneur fécondera en vous.

2) La seconde intuition m’est offerte par Benoît XVI : nous lui devons tant. Dans notre monde, il est des gens qui captent vers eux la lumière. Leur gloire est éphémère. Benoit était un Christophore. Un réflecteur des lumières que lui procuraient sa vive intelligence, son extraordinaire clarté d’expression, sa grande intériorité et sa profonde humilité. Les fidèles auditeurs des Conférences à Notre Dame n’oublieront pas la pédagogie remarquable du Cardinal Ratzinger, en véritable fils de Saint Augustin, le 8 avril 2001, sur invitation du Cardinal Lustiger.
J’use, sans me lasser, de ce petit joyau dont Benoit XVI avait le secret : « La foi est rencontre, non avec des idées ou des projets. Mais avec Quelqu’un. Ce Quelqu’un désire nous transformer de l’intérieur et nous révéler notre identité de fils de Dieu ».
Je nous souhaite de nous laisser transformer. Je nous souhaite une découverte plus effective de qui nous sommes pour Dieu.

3) Ma troisième proposition est que soit bien intégrée en nos esprits la nouveauté que nous apprendrons à regarder. Elle n’est pas la nouveauté fugace et consumériste. Cette nouveauté qui, à peine apparue, est déjà périmée sous les fourches de la concurrence et de l’auto référentialité. La nouveauté dont nous allons être chercheurs est surgissement. Elle échappe à nos catégories pour d’autant mieux les éclairer, les vivifier. Annoncée par Isaïe comme saisissant toutes choses, cette nouveauté grandit l’humain. Elle n’exonère pas notre personne de l’épreuve aride, du questionnement abrasif. Elle est mûrissement progressif quant à notre perception. Elle est aussi mystérieusement agissante au-delà de nos sens. Le prophète nous guide dans les obscurités vers le discernement lumineux de cette nouveauté irrévocable en Jésus. Dès avant sa Pâque, Jésus se sait et s’éprouve comme Celui qui apporte absolument le salut. Le Carême est communion à son combat pour que l’homme accueille en Lui toute nouveauté ne venant pas de ce monde. Mais trouvant sa Royauté en un autre. Toute nouveauté s’accomplit dans le consentement de Jésus à la volonté aimante du Père. Ce qui est neuf et que Dieu seul peut susciter, est ce que Karl Rahner appelait « la radicalité victorieuse avec laquelle le Père se tourne vers le Fils sous un mode qui n’existait pas jusqu’alors parmi les pécheurs ».
Je nous souhaite d’expérimenter ensemble la force, l’unicité de cette nouveauté. Dieu s’y engage. « Je fais du neuf ». L’espérance ne peut décevoir ceux qui s’entraident à ouvrir les yeux.

4) La quatrième disposition est comme servante des trois premières. Si nous écoutons Dieu, si nous nous laissons transformer par Lui, si nous saisissons que tout en nous est déjà renouvelé par Lui, manque cette quatrième attitude du cœur.
Nous évoquons ici l’importance de la communication humaine. J’aspire, chers auditeurs, à ce que ce message vous rejoigne. Là où vous êtes, en cet hiver 2023 particulièrement chaotique. Saint François de Sales qui marque ma vie disait : « Il faut
que nos paroles soient enflammées, non par des cris et actions démesurées. Mais par l’affection intérieure. Il faut qu’elles sortent du cœur plus que de la bouche. On a beau dire. Mais le cœur parle au cœur. La langue ne parle qu’aux oreilles ».
Je nous souhaite une communication audible et percutante au sens où l’entend François de Sales. Si le cœur parle au cœur, c’est au service de la joie de croire. Si le cœur parle au cœur, c’est pour que rien des épreuves et des joies soit ignoré. Si le cœur parle au cœur, c’est afin que chacun entende un peu plus en sa propre langue, à quel point il est aimé de Dieu. Si le cœur parle au cœur, c’est pour que la nouveauté soit davantage vécue comme déjà là. Si le cœur parle au cœur, c’est afin que se discerne la nouveauté, pas encore perçue par nos yeux encombrés. Si le cœur parle au cœur c’est pour que nous nous laissions réconcilier par ces quarante jours.

« Je commence à me convertir »
m’a confié récemment une centenaire dans un dialogue pastoral.
Personne tout ordinaire qui vous lâche ce fioretti au détour d’une visite.
Personne toute simple.
N’ayant vécu aucun parcours d’exception.
« Il faut garder ses pensées proches de l’ordinaire » dit la grande mystique Thérèse d’Avila.
Cette chère centenaire éprouve, du haut de son siècle d’existence, la fraîcheur native des commencements.
Tout pourrait se scléroser en elle.
Tout pourrait aspirer à la fin des fins.
L’amitié du Christ va de commencement en commencement.
L’amitié du Christ est sans cesse novatrice. Rénovatrice. Réconfortante.
Savourant cette pépite, je partageais ce témoignage à des enfants lors d’une assemblée de catéchèse.
Visages médusés.
Un quart d’heure semble si court ou si long en nos cultures numériques de l’immédiateté.
Je vois encore une petite fille comptant sur ses dix doigts le pèlerinage de son aînée dans la foi.
Cent ans et cette dame ne fait que commencer !

Nicodème eut été édifié de dialoguer avec cette fidèle du Christ.
Nicodème eut été rajeuni de croiser ma centenaire.
Rejoignons-le dans le quatrième évangile.
Il est pharisien, notable, docteur, membre du Sanhédrin.
A ce compte-là, on est assuré d’un savoir métaphysique.
Doté d’une telle carrière, on en impose en sagesse et discernement.
Or, le docte Nicodème vient rencontrer Jésus de nuit.
Il n’opte pas seulement pour cette consultation nocturne avec Jésus par sécurité et peur du qu’en dira-t-on.
C’est de nuit, parce que la lumière lui manque sur l’essentiel.
C’est de nuit, car l’Ami qui l’attend est lumière de l’humanité.
L’argument de Nicodème est déjà lumineux de sa quête intérieure.
« Nous savons que de la part de Dieu tu es venu en Maître. Personne ne peut faire ces signes que tu fais si Dieu n’est avec lui »
Le vieux Nicodème est déjà dans une prédisposition intérieure qui sera comme le portique de sa conversion.
Nous lui ressemblons étrangement.
Vieux que nous sommes de nos certitudes corsetées.
Jeunes que nous aspirons à être dans un faux jeunisme.
Vieux jeunes. Jeunes vieux.
Il faut encore que Nicodème découvre que le vent souffle où il veut.
Il lui faut encore consentir à être docteur en Israël et savoir qu’il ne sait pas.
« Comment cela peut-il se faire ? »
Il lui faut encore toute l’humilité mariale.
« Qui ne sera engendré d’eau et d’esprit ne sera dans le Royaume »
Naître quand on est vieux !
Désarmante perspective échappant à toute rationalité.
Naître quand on est vieux, sans être de nouveau engendré par sa mère.
Naître quand on est vieux, sans que cela signifie un retour en arrière.
Naître quand on est vieux, par le surgissement d’en haut.
Naître quand on est vieux, non par chirurgie esthétique de l’âme, mais par rénovation de l’Esprit.
Naître quand on est vieux !
Qu’adviendra-t-il de Nicodème au tréfonds de lui-même après ce fulgurant dialogue avec Jésus de Nazareth ?
Il y a ce que dit l’évangile et ce qu’il ne dit pas.
Au chapitre 7, Nicodème défendra Jésus.
Au chapitre 19, Nicodème participera à l’ensevelissement de Jésus.
La force de ces deux gestes rapportés par le quatrième évangile suffit à dire la transformation du vieil homme.
Lui qui butait au chapitre trois sur le nouveau, parvint-il à consentir à ce que la nouveauté vienne d’en haut ?
On ne défend pas le Nazaréen comme il le fit, sans être épris de lui.
« On ne juge pas quelqu’un qu’on ne connaît pas », fut son plaidoyer.
Signe qu’il répondait de Jésus par connaissance de lui.
On n’ensevelit pas le Nazaréen d’une quantité surabondante de myrrhe et d’aloès, s’il n’a pris la première place dans votre cœur.
L’ensevelissement relaté prend figure royale alors que notre Seigneur a été traité en malfaiteur.

Laissons Nicodème à Dieu et Dieu à Nicodème.
Mais réjouissons-nous du travail patient de Dieu entre les lignes de nos perceptions.
Comme l’écrit Claude Flipo : « Toute la philosophie du monde, y compris la connaissance des Écritures et de ses commentaires, ne peut susciter cette naissance spirituelle d’en haut ».
Dieu fait du neuf !
Il le fait dans le travail de sa grâce, ne venant jamais entraver notre liberté, mais venant ancrer cette liberté dans la lumière de la vérité.
Nous ne cessons de courir sans toujours percevoir pour qui Et pourquoi.
La Covid, les tensions géopolitiques, sociales, les graves crises traversées par l’Eglise peuvent nous donner le sentiment de prendre un coup de vieux, de prendre un coup sur ce que nous espérions, de prendre un coup tout court.
Naître de nouveau peut sembler irréel ou inatteignable.
Ici faut-il un lâcher-prise fondamental.
Sans lequel la naissance d’en haut aurait tout autant d’invraisemblance qu’aux yeux de tous les Sanhédrins du monde.
Dieu se refuse à nous enfermer dans notre vieillissement mortifère.
Par désir de Dieu, tout être vieillissant fructifie encore et toujours au-delà de nos catégories.
Dans le Traité de l’Amour de Dieu, saint-François de Sales nous prend à témoin de cette action novatrice :
« La grâce est si gracieuse, et saisit si gracieusement nos cœurs pour les attirer, qu’elle ne gâte rien en la liberté de notre volonté. Elle touche puissamment, mais pourtant si délicatement, les ressorts de notre esprit que notre franc arbitre n’en reçoit aucun par contrainte. La grâce a des forces, non pour forcer, mais pour allécher le cœur. Elle a une sainte violence. Non pour violer, mais pour rendre amoureuse notre liberté. Elle agit fortement, mais si suavement que notre volonté ne demeure point accablée sous une si puissante action. Elle nous presse, mais elle n’oppresse pas notre franchise. Les attraits divins nous laissent en pleine liberté de les suivre ou de les refuser » (II, 12)
Dieu fait du neuf !
Nous ne le verrons en nous que si le vieil homme consent à l’anéantissement confiant et abandonné à la nouveauté de l’amour.
Tant que l’Evangile ne sera pas bonne nouvelle, à la fine pointe de notre être, nous serons des vieux.
Vieux non pas au sens psycho social.
Mais vieux d’une sclérose du cœur.
Vieux de toute artériosclérose théologale.
« Le contraire d’un peuple chrétien, c’est un peuple triste, un peuple de vieux » écrit Bernanos dans le Journal d’un curé de campagne.
Il ajoute : « Tu me diras que la définition n’est pas trop théologique ? D’accord. Mais elle a de quoi faire réfléchir les messieurs qui baillent à la messe du dimanche. Bien sûr qu’ils baillent ! Tu ne voudrais pas qu’en une malheureuse demi-heure par semaine, l’Eglise puisse leur apprendre la joie »
J’espère, chers amis, ne pas encore à ce stade susciter vos bâillements.
Mais avouez que le curé de campagne bernanosien touche un point éminemment sensible.
Serions-nous vieux de ne pas être joyeux ?
Serions-nous vieux de ne pas être ravivés ?

Vous percevez bien, chers amis, que le propos tenu ici n’est pas un volontarisme.
Une course forcenée à l’aveugle des vraies questions de l’homme d’aujourd’hui. Pire encore, l’éteignoir de nos responsabilités devant les défis présents ou à venir.

Sainte Beuve disait : « Vieillir est ennuyeux ; mais c’est le seul moyen qu’on ait trouvé pour vivre longtemps ».
L’erreur serait de réduire la réflexion de ce dimanche à la longévité d’être. Certes, la durée de vie marque la démographie de notre Europe et de nos communautés. Certes, le « bien vieillir » est une responsabilité collective. Mais, au sens spirituel, l’être humain naît vieux et doit entrer en apprentissage de la rénovation que Dieu prépare. C’est une disposition plus universelle, plus relationnelle et plus qualitative qui est en jeu.
Une âme peut être jeune dans un corps altéré. Elle peut être sclérosée dans un corps athlétique. Nous verrons, dimanche prochain, comment la naissance d’en haut passe par la parole de foi et de repentir envers le Père.
« Pour savoir s’il est un Dieu, je ne vous demande qu’une chose : c’est d’ouvrir les yeux » disait Voltaire.
En ce sens, il n’innove pas vraiment.
L’auteur du psaume 42 s’entendait déjà dire chaque jour « où est-il ton Dieu ? »
Ouvrir les yeux à la nouveauté de Dieu, comme y invite notre Carême, ne veut pas dire fermer artificiellement nos oreilles aux objections de l’expérience athée ou d’autres sagesses.
« Dieu fait du neuf, ouvrons les yeux » n’est pas un slogan cherchant à saturer les autres visions de l’homme.
Mais pour ceux qui sont saisis par Lui, le Christ est avènement par excellence. Au point qu’à la lumière de cette visibilité, toute chose devient visible comme jamais autrement. La Révélation révèle tout phénomène à lui-même au point que comme l’écrit Saint Luc, « Il n’y a rien de caché qui ne doive devenir manifeste » 8,17
Nous n’avons pas trop de la philosophie et de la théologie pour toujours creuser la relation entre le visible et le Révélé.
Les choses nouvelles que Dieu réalise ne sont jamais en contradiction avec son être.
Saint Jean de La Croix affirme que « Dieu en nous donnant son Fils, ainsi qu’il l’a fait, nous a tout dit ensemble, et en une fois ».
Scruter la nouveauté venue de Dieu sans ressourcer cette recherche sur le Christ serait offenser Dieu qui « donne le tout dans le Fils ».
Ouvrir les yeux, chers amis, c’est laisser la grâce agissante, nous désencombrer de ce qui n’est pas elle.
Nous verrons dimanche prochain à quel point on peut être douloureusement éblouis par ce qui n’est pas Dieu.
Les crises que nous traversons font opacité à la claire vision de ce que Dieu fait pour l’homme.
Il m’arrive souvent de me demander si, ce qui est moribond n’est pas un certain déisme.
Un christianisme n’est peut-être pas encore né de l’épreuve de ce temps.
Dieu le suscite déjà.
Afin de ne pas ramener à nous la mesure de ce qui est nouveau comme venant de Dieu, il nous faut nous délester autant que Nicodème.
Naître d’en haut n’est pas seulement constater avoir pieds par-dessus tête.
C’est refuser de naître d’en bas.
C’est offrir l’en bas à la Miséricorde venue d’en haut.
Le trône de la Miséricorde est notre misère.

Découvrez les abords de la cathédrale avec l’association CASA

Depuis l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, le 15 avril 2019, le bâtiment est fermé au public.
Néanmoins, les bénévoles de l’association CASA qui font visiter l’édifice depuis 50 ans poursuivent leur mission d’accueil aux abords de la cathédrale.
Des visites pour individuels, en différentes langues, sont organisées. Le point de rendez-vous est la statue de la Vierge sur le parvis.
Pour connaître les dates et horaires des prochaines visites, consultez le calendrier.
 
Des visites pour les groupes, sur réservation, sont également proposées. Veuillez compléter le formulaire.

 

 

Carême 2023

Le carême se tiendra du mercredi 22 février au dimanche 9 avril 2023.

  • Mercredi des Cendres, 22 février, entrée en Carême.
  • Vénération de la Couronne d’épines tous les vendredis de Carême à 15h et le Vendredi Saint de 10h à 17h à l’église Saint Germain l’Auxerrois
  • Conférences de Carême de Notre-Dame de Paris chaque dimanche à 16h30 à Saint-Germain l’Auxerrois par Mgr Bernard Podvin sur le thème « Dieu fait du neuf aujourd’hui. Ouvrons les yeux »
  • Dimanche des Rameaux, dimanche 2 avril à 10H30, procession depuis le parvis de la cathédrale jusqu’à l’église Saint Louis en l’Ile. Présidée par Mgr Ulrich, archevêque de Paris
  • Messe chrismale présidée par Mgr Ulrich à l’église Saint Sulpice (Paris 6e)
  • Jeudi Saint, mémoire de la Cène
  • Vendredi Saint, Office des Ténèbres, Vénération de la Sainte Couronne d’Épines, Chemin de Croix, Office de la Passion
  • Samedi Saint, Vigile Pascale
  • Dimanche de Paques

 

 

Dimanche de Paques 2023

Dimanche 9 avril 2023

 

Les Chapelains de Notre-Dame de Paris sont heureux de vous inviter à participer à la Bénédiction Pascale à 11h30 sur le parvis de la cathédrale.

Sera annoncée la joie de Pâques par la proclamation de la Résurrection du Christ et les chants.

Cette célébration se conclura par la sonnerie des deux bourdons de la cathédrale.

 

Le premier jour de la semaine, Marie de Magdala se rend au tombeau.Retour ligne manuel
La pierre a été enlevée…Retour ligne manuel
Les bandelettes ont été déposées… Retour ligne manuel
Le linge est roulé à part.
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(Jean, chapitre 20)

 

 

Par ce passage de la mort à la vie, le Christ a sauvé l’Homme du péché et l’a appelé à la vie éternelle. La Résurrection du Christ est l’accomplissement des promesses faites par Dieu à son peuple. De même que le dimanche constitue le sommet de la semaine, de même la solennité de Pâques constitue le sommet de l’année liturgique : la solennité des solennités.

Samedi Saint 2023

Le Samedi 8 avril 2023

L’Église se souvient ce jour de la descente du Seigneur au séjour des morts (« est descendu aux enfers ») et s’abstient de célébrer l’eucharistie.

 

En l’église Saint-Germain l’Auxerrois (Paris 1er) :

9h : Office des Ténèbres

21h : Vigile Pascale, présidée par Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris. Retransmis sur KTO.

 

 

Depuis les temps les plus reculés, cette nuit est une veille en l’honneur du Seigneur, et la veillée célébrée cette nuit, en commémorant la nuit sainte où le Seigneur est ressuscité, est tenue pour la mère de toutes les saintes veillées. Elle est le passage des ténèbres à la lumière, la victoire du Christ sur la mort. C’est pourquoi, dans la nuit, le feu et le cierge de Pâques seront allumés. La flamme du cierge pascal sera transmise aux fidèles. Comme dans des centaines de paroisses en France, des baptêmes d’adultes seront célébrés au cours de la Vigile à la cathédrale et la communauté des croyants sera invitée à renouveler avec eux la promesse du baptême, nouvelle naissance en Christ ressuscité.

Vendredi Saint 2023

Le vendredi 7 Avril 2023

En mémoire de la Cène, dernier repas du Christ le Jeudi Saint, il n’y a pas de messe le Vendredi Saint.

 

Chemin de Croix à 12h30 sur le parvis de la Cathédrale.

 

En l’église Saint-Germain l’Auxerrois (Paris 1er) :

9h : Office des Ténèbres

10h à 14h50 : Vénération de la Couronne d’épines

15h à 16h : Chemin de Croix

16h10 à 17h15 : Vénération de la Couronne d’épines

19h : Office de la Passion du Seigneur présidée par Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris. Retransmis sur KTO.

 

 

Trahi par son disciple Judas, le Christ est arrêté. Il est accusé de semer le désordre dans la population par ses enseignements et surtout d’usurper le titre de Messie, c’est-à-dire de Fils de Dieu envoyé pour sauver les Hommes. Interrogé par Ponce Pilate, gouverneur romain de la région, flagellé par les soldats romains, il est condamné à être cloué sur une croix – supplice réservé alors aux criminels. La Passion continue avec l’ascension de la colline du Golgotha, appelé également « calvaire », chargé de la croix. Il tombe plusieurs fois d’épuisement. Crucifié, il expire au bout de quelques heures. Descendu de la croix par ses proches, il est enveloppé dans un linceul et mis au tombeau.

En ce jour particulier, les chrétiens sont appelés au jeûne, démarche de pénitence et de conversion, et expression visible de l’attente du Christ. L’office du Vendredi Saint, appelé Office de la Passion du Seigneur, est centré sur la proclamation du récit de la Passion (Evangile selon saint Jean). Un chemin de croix avec les étapes de la Passion du Christ sera proposé aux fidèles dans l’après-midi ainsi que deux offices de prières chantées : l’Office du Matin et l’Office choral de la Passion.

Jeudi Saint 2023

Le jeudi 6 Avril 2023

 

En l’église Saint-Germain l’Auxerrois (Paris 1er) :

9h : Office des Ténèbres

19h : Office de la Cène du Seigneur présidée par Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris. Retransmis sur KTO.

 

Avant de mourir, Jésus prend son dernier repas avec les douze apôtres dans la salle dite du « Cénacle » : saint Paul et les évangélistes Marc, Luc et Matthieu rapportent les récits de la cène qui institue l’eucharistie dans laquelle le pain et le vin deviennent Corps et Sang de Jésus Christ. Par l’eucharistie, le Christ rend grâce et offre par avance son Corps et son Sang pour le salut des hommes. Après ce repas de la Cène, l’heure de l’épreuve approchant, le Christ se rend au jardin des Oliviers avec les Apôtres pour veiller et prier.

Messe Chrismale

Le Mercredi 5 avril 2023 – Eglise Saint-Sulpice

 

Monseigneur Laurent Ulrich, archevêque de Paris, présidera cette messe devant une église comble. 500 prêtres, 70 séminaristes, une centaine de diacres et… plus de 2 000 fidèles viendront entendre le renouvellement des promesses sacerdotales et diaconales de leurs « pasteurs ».

 

 

Au cours de cette messe célébrée avec l’ensemble des évêques, prêtres et diacres du diocèse de Paris, Mgr Ulrich consacrera le saint chrême, huile parfumée utilisée pour les sacrements du baptême, de la confirmation et de l’ordre (diacre, prêtre et évêque). Il bénira aussi l’huile des catéchumènes (futurs baptisés) et l’huile pour le sacrement des malades. Ces huiles, conservées ensuite dans chaque paroisse, seront utilisées au cours de l’année à venir.

Cette célébration, à laquelle les fidèles du diocèse sont vivement invités à prendre part, est comme une manifestation de la communion des prêtres avec leur évêque dans l’unique sacerdoce et l’unique ministère du Christ.

Lors de la célébration de l’appel décisif au début du Carême, chaque catéchumènes est appelé par son nom et signe de ce nom les registres des futurs baptisés. Ces registres, confiés à la prière de l’Église, sont remis aux communautés contemplatives de Paris. Ainsi, chaque année au cours du Carême, les religieuses de ces diverses communautés contemplatives prient pour chaque catéchumène qui sera baptisé dans le diocèse la nuit de Pâques. Au cours de la messe chrismale, une religieuse, représentant chaque communauté, rapportera symboliquement ce registre et en recevra en échange un autre portant le nom des séminaristes qui recevront l’ordination sacerdotale en juin à la cathédrale.

Dimanche des Rameaux et de la Passion

Le dimanche 2 avril 2023

Le dimanche des Rameaux et de la Passion ouvre la Semaine Sainte qui achève le temps du carême avec le Jeudi Saint, le Vendredi Saint, le Samedi Saint et la Vigile Pascale. Cette semaine commémore les derniers jours du Christ (le repas de la Cène, sa Passion, sa mort et sa Résurrection). Ces journées sont le sommet de l’année liturgique et rassemblent des dizaines de milliers de fidèles à Notre-Dame de Paris.

 

 

Six jours avant la Pâque juive (qui commémore la sortie d’Egypte des Hébreux après 400 ans d’esclavage), Jésus retourne à Jérusalem. La foule a tapissé le sol de Rameaux verts pour l’acclamer lors de son entrée dans la ville.

La semaine sainte commence avec le Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur, qui unit le triomphe du Christ Roi et l’annonce de sa Passion.

C’est en mémoire de cette entrée triomphale à Jérusalem que les fidèles portent des rameaux (de buis, d’oliviers, de lauriers ou palmiers…). Ces rameaux, une fois bénis, sont tenus en main par les fidèles qui se mettent en marche, en procession : marche vers Pâques du peuple de Dieu à la suite du Christ. On procède au cours de la célébration à la lecture de la Passion du Seigneur, le récit de l’ensemble des souffrances du Christ depuis son arrestation au jardin des oliviers jusqu’à sa mise au tombeau. Cette Passion est le mystère de la Pâque du Christ allant vers la mort et offrant sa vie par amour pour le salut de l’humanité. C’est dans la Passion du Christ, indissociable de la Résurrection que le chrétien, par le baptême, fait lui aussi le passage de la mort à la vie.