Concert : Maurice Duruflé, Requiem

SAMEDI 03 JUIN 2023 – Basilique Saint-Jean, Sarrebruck (Allemagne)

Maîtrise Notre-Dame de Paris, Chœur d’adultes
Yves Castagnet, orgue
Henri Chalet, direction

PROGRAMME

Jehan Alain (1911-1940), Ave Maria

Maurice Duruflé (1902-1986), Prélude et Fugue sur le nom d’Alain

Francis Poulenc (1899-1963), Litanies à la Vierge Noire

Maurice Duruflé (1902-1986), Requiem

  1. Introït
  2. Kyrie
  3. Domine Jesu Christe
  4. Sanctus
  5. Pie Jesu
  6. Agnus Dei
  7. Lux æterna
  8. Libera me
  9. In Paradisum

DISTRIBUTION

Maîtrise Notre-Dame de Paris, Chœur d’adultes

Yves Castagnet, orgue

Henri Chalet, direction

TARIFS

(à préciser)

 

Plus d’informations : https://musique-sacree-www.notredamedeparis.fr/

Concert : Maurice Duruflé, Requiem

MARDI 16 MAI 2023 – Église Saint-Eustache (1er)

Maîtrise Notre-Dame de Paris, Chœur d’adultes
Yves Castagnet, orgue
Henri Chalet, direction

PROGRAMME

Jehan Alain (1911-1940), Ave Maria

Maurice Duruflé (1902-1986), Prélude et Fugue sur le nom d’Alain

Francis Poulenc (1899-1963), Litanies à la Vierge Noire

Maurice Duruflé (1902-1986), Requiem

  1. Introït
  2. Kyrie
  3. Domine Jesu Christe
  4. Sanctus
  5. Pie Jesu
  6. Agnus Dei
  7. Lux æterna
  8. Libera me
  9. In Paradisum

DISTRIBUTION

Maîtrise Notre-Dame de Paris, Chœur d’adultes

Yves Castagnet, orgue

Henri Chalet, direction

TARIFS

Catégorie 1 : 40 € (pas de réduction)
Catégorie 2 : 25 € et 15 € (Tarif réduit : -26 ans et demandeurs d’emploi sur justificatif)
Exonérés : Enfants de – 12 ans

Groupes de + 10 personnes : reservation@msndp.com

En vente sur place le soir des concerts à partir de 20h, et sur notre site de vente en ligne

 

 

Plus d’informations : https://musique-sacree-www.notredamedeparis.fr/

Concert : Requiem de Maurice Duruflé / Festival Artenetra

SAMEDI 01 JUILLET 2023 – Abbaye royale, Celles-sur-Belle (79)

Maîtrise Notre-Dame de Paris, Chœur d’adultes
Yves Castagnet, orgue
Henri Chalet, direction

PROGRAMME

Jehan Alain (1911-1940), Ave Maria

Maurice Duruflé (1902-1986), Prélude et Fugue sur le nom d’Alain

Francis Poulenc (1899-1963), Litanies à la Vierge Noire

Maurice Duruflé (1902-1986), Requiem

  1. Introït
  2. Kyrie
  3. Domine Jesu Christe
  4. Sanctus
  5. Pie Jesu
  6. Agnus Dei
  7. Lux æterna
  8. Libera me
  9. In Paradisum

DISTRIBUTION

Maîtrise Notre-Dame de Paris, Chœur d’adultes

Yves Castagnet, orgue

Henri Chalet, direction

TARIFS

(à préciser)

 

 

Plus d’informations : https://musique-sacree-www.notredamedeparis.fr/

 

Concert de clôture de saison – Chichester Psalms de Leonard Bernstein

Mardi 13 juin 2023 – Église Saint-Eustache (1er)

 

Maîtrise Notre-Dame de Paris

Yves Castagnet, orgue

Henri Chalet & Émilie Fleury, direction

 

PROGRAMME

Michael Tippett (1905-1998), Five Spirituals

1. Steal away
2. Nobody knows
3. Go down, Moses
4. By and by
5. Deep river

Leonard Bernstein (1918-1990), Chichester Psalms

Eric Whitacre (*1970), Lux Aurumque

Joshua Shank (*1980), Musica animam tangens

Harry T. Burleigh (1866-1949), My Lord

André Cayer, Ave maris stella

trad. Arr. Moira Smiley, Bring me a little water Silvy

Gregg Smith, Sound Canticle

DISTRIBUTION

Maîtrise Notre-Dame de Paris

Yves Castagnet, orgue

Henri Chalet & Émilie Fleury, direction

TARIFS

Catégorie 1 : 40 € (pas de réduction)
Catégorie 2 : 25 € et 15 € (Tarif réduit : -26 ans et demandeurs d’emploi sur justificatif)
Exonérés : Enfants de – 12 ans

Groupes de + 10 personnes : reservation@msndp.com

En vente sur place le soir des concerts à partir de 20h, et sur notre site de vente en ligne

 

 

Plus d’informations : https://musique-sacree-www.notredamedeparis.fr/

Semaine Sainte 2023

La Semaine Sainte se tient du dimanche 2 au dimanche 9 avril 2023.

  • Dimanche des Rameaux, dimanche 2 avril à 10H30, procession depuis le parvis de la cathédrale jusqu’à l’église Saint Louis en l’Ile. Présidée par Mgr Ulrich, archevêque de Paris
  • Messe chrismale présidée par Mgr Ulrich à l’église Saint Sulpice (Paris 6e)
  • Jeudi Saint, mémoire de la Cène
  • Vendredi Saint, Office des Ténèbres, Vénération de la Sainte Couronne d’Épines, Chemin de Croix, Office de la Passion
  • Samedi Saint, Vigile Pascale
  • Dimanche de Paques

 

 

Quatrième conférence de Carême 2023 : « Humilité et douceur ne sont pas ce que nous pensons »

 

Texte de la conférence
Reproduction papier ou numérique interdite.

Humilité et douceur ne sont pas ce que nous pensons (Mt 11)

Humilité et douceur ?
Pourquoi cet intitulé ?
Ne sommes-nous pas dans l’irréel ?
L’invraisemblable ?
Et quand bien même Dieu susciterait humilité et douceur, les verrons-nous un jour ? Sinon chez des êtres d’exception ?

Effectivement, on peut, de prime abord, percevoir une provocation dans la proposition de cette piste de conversion.
Tout semble converger à l’encontre de l’humilité et de la douceur. Citons quelques marques venant confirmer la difficulté :

1) Humilité et douceur n’ont pas « bonne presse » dans notre monde. Toutes deux sont connotées de faiblesse ou de mièvrerie.
Les mœurs internationales, les usages économiques, la vie sociale, le climat d’insécurité, et même les relations de proximité sont allergiques à ces postures. Si tu es humble et doux, tu manques d’affirmation de toi-même. Tu te feras forcément dévorer.

2) L’actualité quotidienne corrobore ce ressenti. Nous déplorons tous la médiatisation de ce qui fait violence, de ce qui est conflictuel, abrasif, déchirant, corrompu. Nous voyons mal comment la personne humble et douce peut se frayer un chemin dans cette effervescence. Nous regrettons que ne soit pas davantage rendu public le bien qui ne fait pas de bruit. Alors que le bruit ne faisant pas de bien occupe le champ le plus vaste. Si telles sont les proportions d’images, entre violence et douceur, nous finissons par douter de la fréquence d’actes positifs et créateurs de paix. Cette pente est vite descendue.

3) Les sciences humaines viennent aussi étayer la présentation de la personne comme n’étant pas spontanément irénique. Sans entrer ici dans le détail des diagnostics, quelque chose en l’homme est pulsionnel et générateur d’une symbolique victimaire ou autrice de violences.

4) C’est peu dire que les religions s’avèrent mal placées pour promouvoir l’humilité et la douceur, que leur comportement, dans l’histoire ancienne ou l’actualité plus récente, contredit ou contrefait. Aucune des grandes religions ou philosophies religieuses n’est indemne de ce procès à charge. Les récits bibliques, pour ne prendre que nos sources, sont souvent décryptés à l’aune de la violence qui est en l’homme. On y scrute la colère divine, fûut-ce pour dire qu’elle ne dure qu’un moment. Aucun récit majeur des religions n’est exempt de passage au crible de la violence en ses contenus.

5) Ajoutons à ces éléments, que l’humilité et la douceur peuvent être des habits de lumière revêtus par les desseins les plus pervers. Il n’est qu’à entendre sur quels désastres psycho-spirituels se sont modélisés de faux visages de la douceur et de l’humilité.

6) Plaçons-nous quelques instants en dialogue avec les professions exposées à la gestion des tensions collectives. L’écoute psychologique et spirituelle de ces personnels du soin, de la sécurité, de l’éducation est éloquente.

7) Étant donnée la marginalisation de la douceur et de l’humilité dans l’espace social, on en vient à se demander si elles sont des catégories ultra sophistiquées de techniques mentales réservées à quelques héros exemplaires. Pour dire cela autrement, les rechercher relèverait presque du luxe ou de l’ésotérisme.

Venez voir comment je vis, et dites-moi où sont humilité et douceur.

Le propos que je tiens depuis quelques minutes nous amène-t-il à constater que le monde ne peut être doux et humble ?
Un manichéisme pourrait très vite nous faire tirer cette conclusion.
Ce serait ignorer toute la littérature qui se fit chercheuse, avant le christianisme, de l’humilité et de la douceur.
Ce serait être injustement sourds aux accents culturels qui traversent les siècles et scrutent le mystère de l’homme.
Ce serait mépriser les civilisations dans leur essence.
Ce serait manquer d’encouragement envers ceux qui déploient aujourd’hui la relation non violente et la médiation. Merci à eux !

La potentialité qui est en l’homme doit sans cesse être considérée, quand il construit des passerelles entre personnes et entre nations.
Il est cependant exact que le paradigme de l’humanité est rarement celui de l’humilité et la douceur.
Tout est conçu sur la réussite, la compétitivité.
Sans me substituer aux philosophes ou sociologues, il y a une polémologie en actes.
Elle est inhérente à l’histoire.
Elle est constitutive de l’homme.
Nous pensions nous être immunisés de toute guerre en Europe, du fait de l’exemplarité de nos ainés dans leur résistance à la haine.
Nous pensions, dans la Covid, trouver un virus à combattre simplement par les armes sanitaires.
Or, nous sommes sidérés de ce que l’humain peut être enclin à devenir, ou redevenir belliqueux et meurtrier.
Nous connaissons une guerre à nos portes, chaque jour en passe de se mondialiser.
Nous découvrons un profil psychiatrique de l’homme terriblement abîmé par la Covid.
Ce n’est pas en nous réfugiant dans le déni que nous affrontons ce réel.
Le psychiatre Gérard Haddad dit clairement :
« Les puissants qui dirigent le monde avec cynisme, abhorrent par-dessus tout le constat de leur impuissance. Ils possèdent, hélas, le moyen de la masquer ».
Cet analyste de la violence qui est en l’homme, est très suggestif quand il montre comment la mondialisation aseptise la méfiance et la haine, mais ne la résout pas.

Dieu qui connaît l’homme mieux que lui-même n’est guère surpris quand le dialogue s’entreprend avec Lui.
Salomon, par exemple, lui demande un cœur écoutant, un cœur capable de discerner.
Salomon se sent impuissant devant un peuple si difficile à gouverner.
Dieu se réjouit de la demande de Salomon.
Mais il lui dit :
« Tu aurais pu me demander pour toi, de longues années, la richesse ou la mort de tes ennemis. Tu as simplement demandé de savoir bien juger pour gouverner avec justice » 1 Rois 3,11

Dieu lui-même se surprendrait-Il à offrir à Salomon ce qu’il n’a pas demandé ?
La réponse venant de Lui n’est jamais réductrice. Dieu est plus grand que notre cœur : « Puisque tu as demandé ce cœur qui écoute et que tu n’as pas demandé pour toi une longue vie ; que tu n’as pas demandé pour toi la richesse, et que tu n’as pas demandé la mort de tes ennemis,
voici j’agis selon tes paroles ! Je te donne un cœur sage et perspicace de telle sorte qu’il n’y a eu personne comme toi avant toi et qu’après toi, il n’y aura personne comme toi.
Même ce que tu n’as pas demandé, je te le donne : et la richesse et la gloire, de telle sorte que, durant toute ta vie, il n’y aura personne comme toi parmi les rois ».
Offrir ce cœur écoutant à Salomon n’est pas le doter d’une assurance tous risques.
L’aventure spirituelle ne fait que commencer.
La liberté du Roi s’exercera en lignes courbes. Dieu sait ce qu’il y a en l’homme.
Il offre avec largesse ce qui peut déployer en nous la capacité aimante et discernante.
Il ne prodigue surtout pas la demande instinctuelle de l’homme voulant la mort.
Il l’invite à choisir la vie.
Il n’est donc pas surprenant que la douceur apparaisse souvent dans l’histoire de l’humanité comme le perce- neige.
Expression de l’homme quand toute sauvagerie semble l’envahir, la douceur prophétique.
Expression de l’homme quand toute désespérance peut le ronger : la douceur réconfortante.
Prenons deux exemples :
Étienne de Montety vient d’écrire un roman remarquable intitulé « La douceur ». Récit plaçant la mémoire d’une survivante de Ravensbrück. La souffrance, les amitiés. Le corps et le psychisme qui perdent leur tendresse. La violence et les cendres. Et le souvenir de cette rose cueillie. Éclat dans l’horreur funeste. La beauté au milieu de la monstruosité. Chez cette rescapée, le désir de transmettre la percée inouïe de cette douceur.
Écoutons maintenant Maurice Bellet. L’épreuve dont il parle est la sienne sur un lit d’hôpital.

Rude épreuve !
Il la qualifie de kafkaïenne.
C’est peu dire.
Écoutons quelques bribes de son récit :
« Je plie sous le vent noir. Passage à vide. Lacs d’amertume. Tristesse qui remonte des fonds oubliés. Pas de honte de ce que je subis. Ceux qui ont du courage ont bien de la chance.
Il y a des hauts et des bas. Je ne maîtrise pas ce mouvement de houle.
Taisez-vous, vous qui croyez que la volonté peut tout. Je suis humilié au plus concret de moi »
Alors, comment Maurice Bellet peut-il parler de la « divine douceur » ?
Il la rencontre dans des témoignages précis de compassion à son égard.
Il la découvre à la fois très incarnée et toujours plus grande que ce dont les gens sont le relais.
« Elle est présence, hospitalité, parole échangée. Elle est l’amour au-delà de l’amour, car elle ne cherche aucune possession. »
Pourquoi divine ? interroge Maurice Bellet
« Divine parce qu’elle ne serait pas humaine ? C’est tout l’inverse ! Elle est divine d’être humaine, entièrement humaine en vérité ».
Nous avons commencé notre intervention dans la perplexité qu’une douceur puisse émaner de nos logiciels. Les derniers éléments de l’actualité corroborent cette impuissance. Quand ce n’est pas la drogue, c’est l’orgueil de la guerre qui rend méconnaissable le visage humain qui devrait être icône de douceur. Il faut sans doute faire expérience du manque pour expérimenter d’où viennent l’humilité et la douceur. Maurice Bellet dira :
« Dieu, c’est le plus humain de l’homme, au sens d’être le don par excellence, principe vivant de la divine douceur ».
Maurice Bellet précise une dimension qui est attestation que Dieu fait du neuf par nous, au-delà de nous, en nous, à l’insu de nous :
« L’évangile est la divine douceur elle-même ; non au sens mièvre et doucereux ; mais le sang vif de la vie communiquée. Le grand souffle nouveau qui est l’amour ».
Chers amis, voulons-nous être donneurs de ce sang vif ?
Vous qui écoutez ces conférences depuis un lit de souffrance, une solitude, une rencontre familiale, un transport en voiture, une réunion communautaire, dans les étreintes de la fraternité ou les angoisses du lendemain, lors d’un moment en podcast, vous avez chacune, chacun, une perception de ce qui est rude. Et ne facilite pas, l’accueil de la béatitude de douceur. Et une expérience de l’humiliation, l’humiliation si multiforme, l’humiliation, mystère de la croix. Passage obligé et si controversé vers l’humilité.

Un évangile de prédilection de François de Sales est Mathieu 11,29 :
« Prenez sur vous mon joug. Devenez mes disciples. Car je suis doux et humble de cœur ! »
Toutes les traductions sont une constellation : Mettez-vous à mon école. Apprenez de moi. Devenez mes disciples.
Nous sommes présentés par Mathieu comme de perpétuels apprentis de la douceur et de l’humilité.
Elles ne sont pas innées.
Elles ne s’acquièrent pas une fois pour toutes.
Elles sont l’être même du disciple.
Il prend sur lui son joug.
Il apprend de lui, non des notions.
Il apprend, qui il est.

Écrivant à une de ses accompagnées, François de Sales se fait catéchiste de cette humilité et de cette douceur : « Souvenez-vous de la leçon principale, laquelle Jésus nous a laissés en trois mots. Afin que nous ne l’oubliions jamais, et que cent fois par jour nous la puissions répéter. Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur ».
François de Sales en tire une synthèse : « C’est tout en somme d’avoir le cœur doux à l’endroit du prochain, et humble à l’endroit de son Dieu ».
Celui qui sera proclamé Docteur de l’Eglise, tire de l’être même du Christ que nous soyons doux, une de ses qualités envers le frère ; humble, une autre qualité envers Dieu.
La proposition, pour être didactique, n’en est pas moins un perpétuel travail sur soi. « Donnez à tout moment ce cœur à notre Sauveur.
Faites que ce soit le cœur de votre cœur ».
Trois mots. Redits cent fois. Comme une recherche inlassable et confiante.

Si j’ai fait le choix de ce thème dans un cycle de Carême sur la nouveauté, c’est parce qu’humilité et douceur sont une voie de conversion décisive pour nos vies baptismales, pour une écologie intégrale, pour une synodalité fécondée par l’Esprit, pour la justice et la paix dans le monde si fragmenté.
Dom André Louf, qui fut abbé du Mont -des -Cats, voit dans l’humilité le fondement de la foi chrétienne, la « componction » en étant l’expression, terme un peu technique signifiant le « cœur totalement brisé ».
Conjointement à ce cœur brisé, Vatican II parlera de la douceur en Dei Verbum : « L’Esprit Saint donne la douce joie de consentir et de croire à la vérité » N°5
Le même mouvement de consentement est décrit de part et d’autre.
La volonté humaine, quoique pleinement sollicitée, ne peut suffire.
Le Christ est doux et humble de cœur.
Le disciple n’achève jamais cette recherche.
Augustin dira à juste titre que l’humilité résume toute la discipline chrétienne.
Mais cette douceur n’est jamais acquise… Et l’humilité authentique se fonde sur l’obéissance du Christ.
Ces fondamentaux nous rappellent l’aiguillon de la vanité et le narcissisme désastreux.

Les abus et les emprises dans la société et l’Eglise nous rappellent que les plus vertueuses attitudes peuvent se draper d’habits de lumière.
Nietzsche avait fustigé l’humilité comme grand mensonge des faibles.
Freud avait perçu dans la fausse humilité la variante masochiste du complexe de culpabilité.
Adler la trouvait similaire au sentiment d’infériorité.
Chacun de nous a lu ces thèses. Et leur a accordé intérêt ou mépris, selon son angle de vision et son expérience.
Leur partialité et leur grande limite épistémologique ne devraient cependant pas faire oublier qu’elles étaient de réels clignotants.
Nous nous sommes crus prémunis de ces diagnostics parce que nous devenions une Église davantage désireuse d’être humble et servante.
Beaucoup écrivent en ce moment, dans les consultations synodales, leur aspiration à une Église plus simple, plus proche.
Comment ne pas faire chorus à l’intention ?
À la condition toutefois de recevoir cette humilité du Christ !

Un apophtegme du désert affirme :
« Je préfère un échec supporté humblement à une victoire obtenue avec orgueil ».
« Croire qu’on n’est pas orgueilleux est la plus claire manifestation qu’on l’est » écrit Saint Jean Climaque

Rentrant chez vous ce soir, emportez ce triptyque :
1) Le sacrifice qui plait à Dieu est un esprit brisé. Psaume 50,19
2) La douceur est une béatitude qui nous place à la fois au dedans de nous, et en plein monde
3) Sans conversion et sans ascèse, pas d’humilité :
Ces trois dimensions sont à cultiver en synergie de nos esprits et de nos cœurs.
Pas l’une sans les deux autres !

Dans le Livre du Siracide, le Seigneur a renversé le trône des puissants, et fait asseoir à leur place les doux (Si 10,14).
« Heureux les doux, ils obtiendront la terre » est la béatitude (Mt5, 4).
Nous notons ici que cette béatitude n’est pas seulement une transformation de leur être comme celle de la consolation ou du rassasiement. Ici la douceur va posséder la terre, rayonner sur elle !
Comment est-il possible d’annoncer ce renversement des choses ?
Dans cette perspective, on n’agit pas avec un esprit de douceur (Ga 6,1) sans se recommander par la douceur du Christ (2 Co 10) selon l’expression de Paul.
Rendre compte de notre espérance est une nécessité, mais le faire avec douceur et respect (1, P 3,16).
Il y a bien une urgence à promouvoir humilité et douceur dans le monde et au sein de l’Egllse.
Dieu fait du neuf, ouvrons les yeux !
Je citerai simplement celles et ceux qui travaillent à adoucir tout ce qui est tension exacerbée. Soit entre les personnes, soit dans l’espace public.
Je citerais aussi celles et ceux qui vont au chevet des personnes qui n’ont plus figure humaine.
Ces deux attitudes n’ont en soi aucune rentabilité.
Elles sont pure gratuité, gratuité telle que Benoît XVI en parlait dans son encyclique sociale.
La douceur et l’humilité sont ces actrices discrètes qui posent un baume sur les plaies, les rancœurs.
Comme l’écrit Agata Zielinski, il y a une telle violence à signifier à quelqu’un son inutilité.
La violence, qu’elle soit gangrenée ou passée à l’acte, appelle de notre part un sursaut éthique, un surcroît d’humanité, un supplément d’âme.
Depuis que nous échangeons, il devient lumineux que la douceur et l’humilité sont deux sœurs s’appelant l’une l’autre, se fécondant l’une l’autre.
Regardons le concret de nos vies :
Une humilité qui n’est pas vécue dans le consentement intérieur n’est pas encore humilité.
Une douceur qui serait empreinte de vanité et de superbe ne ressemblerait pas à la douceur évangélique.
Contrairement à toutes les images d’Epinal, la douceur et l’humilité sont des vertus qui sollicitent une énergie inouïe, et rendent forts ceux qui sont humbles et doux.
Oui, il faut de la trempe intérieure, il faut de la persévérance et de l’abandon pour grandir en humilité et douceur.
Celui qui accepte l’apprentissage est comme dans l’entraînement du sportif.
Les compétitions ne se préparent jamais, sans l’abnégation des exercices sur soi.
Les rendez-vous de la vie ne sont pas des projections imaginaires.
Douceur et humilité sont des défis chaque quart d’heure.
François de Sales ne se fait pas chantre de la douceur et de l’humilité parce qu’elles seraient innées en lui.
Ses biographes décrivent tout le travail humain sur lui-même et toute la réception spirituelle par lui, afin de devenir humble et doux.
Sa notoriété savoyarde ne faisant que déborder le duché de Savoie, l’excellence de ses facultés auraient pu générer en lui une très haute idée de lui-même.
La pression des provocations et sollicitations aurait pu le rendre agressif et vindicatif.
François de Sales sait qu’on peut détruire, en quelques secondes de violence, la douceur que l’on met vingt ans à chercher en son cœur.
Il connaît aussi les échelles d’humilité héritées de la tradition spirituelle.

Chers amis, quel que soit notre âge, ce travail sur nous-mêmes dans l’invocation de l’Esprit ne fait que commencer.
Je dirais même que son urgence s’accroît, car toute une vie systémique nous fait contourner le défi de l’humilité et de la douceur.
La société a cette étonnante et funeste capacité à rendre artificielle la juste connaissance de soi. Isabelle Le Bourgeois, religieuse auxiliatrice et psychanalyste, note « ce si long chemin qui permet d’avoir accès à la vérité sur soi-même ». Il est vrai, comme elle le souligne, que notre « système défensif est encore le plus fort ».

Notre recherche inlassable de l’humilité et de la douceur nous situe sur une ligne de crête. L’épître aux Galates est éclairante. Nous pouvons très vite être enclins à « nous mordre les uns les autres, nous détruire les uns les autres » (Galates 5,15).
Il y a en nous un affrontement entre les tendances de la chair et les tendances de l’Esprit.
L’humilité et la douceur ne sont pas des surgissements éthérés. Le fruit de l’Esprit, dit Paul, est « amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi » (5,22).

Vous avez bien entendu la concomitance de la douceur et de la maîtrise de soi. C’est ainsi qu’est LE fruit. Le fruit est constellation, il est convergence d’attitudes intérieures et d’actions prophétiques. La douceur et l’humilité ne sont donc pas des postures optionnelles. Tout est lié !
L’humilité et la douceur sont à la fois données et à travailler sans cesse.
Dieu fait toutes choses nouvelles ! Il le dit depuis le début de sa Révélation. « Ce n’est point l’holocauste du petit bétail qui est désiré par Lui ». Il cherche à frayer un chemin à sa grâce dans nos déserts arides.
Soyons humbles et ne nous perdons pas à dire « Je suis humble. Devenons-le davantage encore !
François de Sales dit : « Soyons ce que Dieu veut, et soyons le bien ! ».

Petit conseil pratique : dans les jours à venir, relisez dans votre mémoire et votre prière, avec vos proches un événement où la douceur a vaincu les tensions. Un événement où tout aurait pu être rancœur et violence. Un événement où quelque chose de l’humilité et de la douceur ont marqué une avancée. Que s’est-il passé permettant de ressentir de façon tangible : « Heureux les doux » ?
En quoi cette humilité et cette douceur ont-elles suscité du neuf ?
Pourquoi voulez-vous en rendre grâce ?
Répétez souvent cet exercice. Il vous donnera une vision nouvelle.
« Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra. Sur le trou de la vipère, l’enfant étendra la main » Isaïe 11.
Macaire, père du désert disait : « Si en reprenant quelqu’un, tu te laisses emporter par la colère, tu satisfais ta propre passion.
Ne te perds donc pas toi-même pour sauver autrui ».
Ne nous résignons pas à ce que la terre soit submergée de sombres perspectives. Les doux posséderont la terre. Nous avons aujourd’hui pour aimer !19

Concert : Lumineuses ténèbres, de Venise à Dresde

MARDI 21 MARS 2023 – Église Notre-Dame, Pontoise (95)

 

Maîtrise Notre-Dame de Paris, Chœur d’adultes
Conservatoire de Paris, Instrumentistes du Département de Musique Ancienne
Sébastien Daucé, direction

 

PROGRAMME

Jan Dismas Zelenka (1679-1745), Officium defunctorum

  1. Invitatorium
  2. Lectio I : Parce mihi Domine
  3. Responsorium I : Credo quod Redemptor
  4. Lectio II : Taedet aninam
  5. Responsorium II : Qui Lazarum resuscitasti
  6. Lectio III : Manus tuae fecerunt
  7. Responsorium III : Domine quando veneris

Antonio Lotti (1667-1740), Miserere

Johann Sebastian Bach (1685-1750) Motet funèbre BWV 118

 

DISTRIBUTION

Maîtrise Notre-Dame de Paris, Chœur d’adultes

Conservatoire de Paris, Instrumentistes du Département de Musique Ancienne

Sébastien Daucé, direction

 

TARIFS

(à préciser)

 

 

Plus d’informations : https://musique-sacree-www.notredamedeparis.fr/

Concert : Lumineuses ténèbres, de Venise à Dresde

Lundi 20 mars 2023 – Eglise Saint-Eustache (1er)

Maîtrise Notre-Dame de Paris, Chœur d’adultes
Conservatoire de Paris, Instrumentistes du Département de Musique Ancienne
Sébastien Daucé, direction

 

 

En partenariat avec le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris (Stéphane Pallez, présidente, Émilie Delorme, directrice). www.conservatoiredeparis.fr

PROGRAMME

Jan Dismas Zelenka (1679-1745), Officium defunctorum

  1. Invitatorium
  2. Lectio I : Parce mihi Domine
  3. Responsorium I : Credo quod Redemptor
  4. Lectio II : Taedet aninam
  5. Responsorium II : Qui Lazarum resuscitasti
  6. Lectio III : Manus tuae fecerunt
  7. Responsorium III : Domine quando veneris

Antonio Lotti (1667-1740), Miserere

Johann Sebastian Bach (1685-1750) Motet funèbre BWV 118

DISTRIBUTION

Maîtrise Notre-Dame de Paris, Chœur d’adultes

Conservatoire de Paris, Instrumentistes du Département de Musique Ancienne

Sébastien Daucé, direction

TARIFS

Catégorie 1 : 40 € (pas de réduction)
Catégorie 2 : 25 € et 15 € (Tarif réduit : -26 ans et demandeurs d’emploi sur justificatif)
Exonérés : Enfants de – 12 ans

Groupes de + 10 personnes : reservation@msndp.com

En vente sur place le soir des concerts à partir de 20h, et sur notre site de vente en ligne

 

 

Plus d’informations : https://musique-sacree-www.notredamedeparis.fr/

Troisième conférence de Carême 2023 : « Elle est vivante la Parole »

 

 

 

Reproduction papier ou numérique interdite.

Elle est vivante la Parole ! (Hb 4)

Comme en tout corps de métier, les premiers mois d’ordination nous marquent pour la vie.
Je n’oublierai jamais ma visite à une famille très pauvre, en même temps lumineuse d’un amour très riche.
Ces gens ne m’attendaient pas.
La précision est importante.
Elle valorise d’autant plus ma découverte.
Entrant dans cette maison, il y avait une Bible bien en évidence.
Au cœur du foyer.
Une Bible pas du tout décorative.
Lue, relue, usée par sa fréquentation.
Bénéficiant d’une vénération.
Cette expérience demeure gravée en moi.
D’humbles personnes familières de la Parole.
D’humbles personnes pétries de l’Ecriture.
Comment ne pas s’unir à la prière de Jésus en St Luc : « Je te loue Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux savants.
Et de l’avoir révélé aux touts petits. Oui Père, c’est ainsi que Tu en as disposé dans ta bienveillance. Tout m’a été remis par mon Père. Nul ne connait qui est le Fils, si ce n’est le Père. Ni qui est le Père, si ce n’est le Fils. Et celui à qui le Fils veut bien le révéler » (10,21)
Si vous avez le privilège de visiter l’Eglise en France, comme j’en ai le bonheur, vous la croisez éprouvée, affectée, sonnée, sidérée.
Mais aussi résiliente dans sa dignité baptismale, et ravivée par la fraîcheur catéchuménale, les JMJ, par la Parole.
C’est étonnant comme les petits groupes bibliques, çà et là, sont le meilleur antidote à l’hémorragie du grand corps.
C’est étonnant comme la Parole réconforte, nourrit, éclaire, réunit.
C’est étonnant comme la Parole donne de se parler, là où les mots ne se trouveraient plus.
« Les mots de Dieu ont retenti en nos langages d’hommes. Que sa Parole en nos cœurs à jamais nous délivre »
est l’inusable cantique.
Les mots de Dieu ont retenti aussi dans la synagogue de Nazareth.
C’est le moins que l’on puisse dire !
N’est-ce pas le fils de Joseph qui, selon son habitude, se lève pour lire la Torah ?
On lui remet le livre du prophète Isaïe.
Il déroule le rouleau (Luc 4,17ss)
Il trouve le lieu où est écrit : « L’esprit du Seigneur est sur moi. Il m’a consacré pour annoncer la Bonne nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé proclamer aux captifs la libération ».
Tous les yeux sont braqués sur ce lecteur qui est bien du pays, lui-même pressentant qu’il ne sera pas prophète chez lui.
« Aujourd’hui cette parole est accomplie à vos oreilles ».
Les habitants de Nazareth, d’abord étonnés de ses paroles de grâce, ne tarderont pas à entrer en fureur contre lui.
L’aujourd’hui de la Parole ne trouverait grâce à leurs yeux que si Jésus faisait à Nazareth les prodiges qu’il accomplit ailleurs, et même davantage.
La notoriété de Nazareth y gagnerait.
Mais Jésus leur devient irrecevable.
La veuve de Sarepta et le lépreux syrien, pris en exemple par Jésus, ne peuvent que les mettre hors d’eux-mêmes.
Le fils de Joseph prophétiserait chez nous, comme la veuve et comme le lépreux ?
Hors de notre référence, peut-il venir quelque chose d’audible ?
Qu’on le précipite hors de la ville !

Dieu fait du neuf !
Jésus n’est pas seulement un bon lecteur au sens de l’expression vivante.
Il est ce qu’il proclame en la synagogue.
Il est qui il prêche. Il prêche qui il est.

Chers amis, dans nos deux précédentes rencontres, nous avons entendu un appel à naître et un appel à repartir du premier amour.
Cette semaine. Il nous est donné d’être visités par Lui.
Le Verbe est nouveauté de Dieu ! Le Verbe était Dieu (Jn 1)
Nazareth ne reçoit pas l’un des siens, car Nazareth veut le conformer à la stricte répétition de ce qui est déjà.
Nazareth se ferme au surgissement nouveau.
Nous sommes souvent des Nazareth ayant encore à dessiller notre regard.
Nous tournons sur nous-mêmes et ne laissons pas advenir.
Jésus ne peut être prophète si la brèche ne s’ouvre tout entière à sa nouveauté.
Le Christ ne sera pas le colporteur d’une nième bonne nouvelle.
« Il est Bonne Nouvelle. »
Il est venu de Dieu et va vers Dieu.
Sa vie et son ministère ne sont pas une prédication parmi d’autres.
Sa vie et sa mission sont l’exégèse même de ce que Dieu réalise en Lui pour le monde.
En ce sens, sa mère et ses frères seront ceux qui écoutent sa parole et la mettent en pratique (Luc 8,21)

Dieu fait du neuf. Ouvrons les yeux !
L’aujourd’hui de cette nouveauté est bouleversant à qui veut bien le reconnaître.
L’aujourd’hui du salut est une récurrence en saint Luc qui veut forcer la porte de notre morosité :
« Je vous annonce une grande joie pour tout le peuple. Aujourd’hui, un Sauveur vous est né » (Luc 2,11)
« Tu es mon fils, moi aujourd’hui je t’ai engendré. (Luc 3,22)
« Aujourd’hui cette parole est accomplie par vous qui l’entendez » (Luc 4,21)
« Nous avons vu aujourd’hui des choses extraordinaires » (Luc 5,26)
« Voici je chasse les démons, j’accomplis des guérisons, aujourd’hui et demain. Le troisième jour, c’est fini » (Luc 13,32)
« Aujourd’hui, le salut est venu pour cette maison ; car lui aussi est un fils d’Abraham » (Luc 19,9)
« En vérité je te le dis : aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis » (Luc 23,43)

De la mangeoire au bois de la Croix, l’aujourd’hui est signifié en Jésus, et par Lui.
Ces quarante jours ouvriront-ils nos yeux à la perception de cette fécondité salvifique ?
Benoît XVI, en son encyclique sur l’espérance, interroge notre accueil du message du salut : est-il pour nous performatif ou informatif ?
Performatif, c’est-à-dire venant nous transformer au plénier de nous-mêmes.
Ou purement informatif, c’est-à-dire une nouvelle parmi de multiples. Une information n’ayant d’autre signification que ce qu’on lui accorde.
Performatif, si toute notre personne est rénovée par le recouvrement de son centre de gravité.
Informatif, si la chose demeure extérieure et ne consent aucune perméabilité.
La nouveauté que nous voulons commenter, de dimanche en dimanche, est naissance du Verbe en nous.
Elle est, disent les théologiens, axe structurant de l’économie trinitaire.
« Je suis crucifié avec le Christ. Ce n’est plus moi qui vis ; mais le Christ qui vit en moi » dira Paul aux Galates.
Chers amis, ouvrons-nous à la naissance du Logos en nous !
Jean-Baptiste Lecuit nous rappelle deux aspects convergents : d’abord premièrement, le Logos procède du cœur du Père en une naissance éternelle ; en second lieu, dans le baptême, par l’Eglise, le croyant nait à nouveau à une vie, dans la ressemblance au Christ.
Alors, oui, il est compréhensible et remarquable qu’émerge dans la théologie la pensée de la naissance du Logos dans le cœur des croyants.
« Le Verbe qui était dès le commencement, renaît toujours jeune dans le cœur des saints » diront les Pères de l’Eglise.
Origène vient nous réveiller dans la somnolence de notre sieste : « Ne sais-tu pas que, de cette semence de la Parole de Dieu qui est semée, le Christ naît dans le cœur des auditeurs ? ».

Le Christ nait dans le cœur des auditeurs, dans la communication du mystère que nous partageons ce soir.
Tout l’entraînement du Carême est un moment favorable à cet accueil en nous de la semence engendrant la sanctification.
Comme dit St Paul « jusqu’à ce que le Christ soit formé en nous ! ».

Mais, me direz-vous « quoi de neuf dans la Parole ? » Et comment aiguiser notre regard à l’accueil de cette nouveauté ?
Ici, j’insisterai sur quatre aspects :

1) C’est le désir même de Dieu que sa Parole soit donatrice de vie ! Isaïe le clame en 43 :
« Dieu fera passer un chemin dans le désert, des fleuves dans les lieux arides ». La nouveauté venue de Dieu est son dessein. Son effectivité est donc perceptible. Mais elle n’est encore qu’en germe. Pour cela il faut accueillir ce Dieu comme celui qui est Dieu. « En dehors de Moi pas de sauveur ! »
nous dit le verset 11. Ce Dieu ainsi énoncé par Lui-même donne comme signature de sa divinité deux dimensions complémentaires : « Tu as du prix à mes yeux et je t’aime ! » v 4 et « Ce peuple, que je me suis façonné, redira ma louange ».
Dieu fait du neuf, se vérifie dans le refus de l’homme à « ressasser les événements du passé. Ou songer aux réalités d’autrefois ».
La nouveauté à discerner, c’est d’être peuple façonné par ce Dieu sauveur, à l’inestimable prix venu de son Amour.
Ce peuple sera désaltéré, parce que choisi.
Le surgissement de vie et de nouveauté est un dessein d’amour.
Isaïe associe le « Écoutez et vous vivrez » ch 55, à la recherche de Dieu « tant qu’il se laisse trouver ».
On comprend à quel point cette dynamique traverse les siècles.

Frères et Sœurs, la nouveauté qui émane de ce Dieu, n’est pas celle de nos catégories. Comme si nos facultés cognitives disaient que quelque chose est neuf dans un logiciel nouveau. La nouveauté de Dieu est d’être cherché tant qu’il se laisse trouver…« Ainsi, ma parole qui sort de la bouche ne me reviendra pas sans résultat. Sans avoir accompli sa mission » (55,11)
Notre mystagogie, notre initiation au mystère de Dieu est vivifiante dans la recherche insatiable de qui l’on a trouvé, en le cherchant toujours.

2) D’où le second aspect mis en exergue par Ephrem le Syrien. Diacre et docteur de notre Église. Puisatier de la Parole, Ephrem partage son expérience : « Qui donc est capable de comprendre toute la richesse d’une seule de tes paroles, Seigneur ? Ce que nous en comprenons est bien moindre que ce que nous en laissons ».
Remarque très aiguë pour notre aujourd’hui :
« Celui qui obtient en partage une de ces richesses ne doit pas croire qu’il y a seulement dans la Parole de Dieu ce qu’il y trouve ».
Nous nous croyons détenteurs d’une maîtrise de la Parole, comme si elle se laissait enfermer.
« Enrichi par la Parole ne crois pas que celle-ci s’est appauvrie ! Que la source apaise ta soif, sans que ta soif épuise la source ».

Comprenons-nous bien. Il ne s’agit pas ici d’accueillir avec passivité et de façon éthérée, le contenu des Écritures. L’exigence est toute autre. « Scrutons les Écritures demande ce Père du désert. Non dans une frivole lecture. Mais à rechercher, examiner, étudier, les profondeurs de leurs sentences. Dieu désire vérifier si tu sers les Écritures, ou si tu leur fais violence ».
Nos débats, nos discussions, nos choix ne doivent pas être creux et tièdes.
Mais leur animation doit être servante de la grâce des Écritures sans cesse en herméneutique, sans cesse en dévoilement, jusqu’à ce que tout soit récapitulé en Christ.
Leur animation, vive et légitime, ne doit pas instrumentaliser la Parole !

3) D’où la troisième condition, dont nous nous croyons à tort dispensés.
Il nous faut demeurer au jardin des Écritures. Quel défi pour un monde qui zappe et croit que Goggle est le salut du monde. Le bienheureux Guerric d’Igny est explicite : « Garde-toi de traverser ce jardin d’un vol rapide. Comme les abeilles diligentes, recueille le miel des fleurs.
Recueille l’esprit dans les mots ».
Le motif n’est pas ici de butiner pour butiner.
« Tu ne te trompes pas, croyant posséder dans les Écritures la vie !.
Toi qui ne cherches rien d’autre que le Christ auquel les Écritures rendent témoignage. Bienheureux assurément ceux qui scrutent ces témoignages et le cherchent de tout leur cœur ».
ChatGPT et tant d’autres supports, ne peuvent faire lectio à ta place, cher auditeur !
Ils te déverseront quantité de références synoptiques sur la nouveauté de Dieu.
Ils te simuleront avec relief une intelligence artificielle de la quête de Dieu.
Mais ils ne pourront se substituer à ta Lectio.
Ils ne pourront remplacer le cri de ton cœur affamé.

Alors oui, chers amis, recueillons cette nouveauté !
Non comme le listing de références tombées du dictionnaire.
Non comme la démonstration ne faisant que satisfaire la curiosité.
Mais comme Dieu se disant.
Et ne pouvant mieux se dire !
« Je mettrai en vous un esprit nouveau ! » a promis Dieu au cœur des rugosités et des sécheresses. Ezéchiel pourrait être le plus mortifère des rendez-vous. Il n’en est rien. Dieu veut que nous vivions ! (Ez 36,26).
Revêtir l’homme nouveau, comme l’épître aux Ephésiens en parle avec splendeur (Eph4, 24), passe par le dépouillement du vieil homme dont l’épître aux Colossiens dit l’incontournable (Col 3,10).
Alors oui, des événements nouveaux peuvent se révéler comme Isaïe en était annonciateur. (Is 48,6)
On comprend pourquoi le diacre Philippe rencontrant l’éthiopien sur son char plongé dans la lecture du prophète Isaïe, ne peut que lui partager la bonne nouvelle qu’est Jésus ! (Ac.8)
Partant du texte du serviteur souffrant, Philippe est exégète et annonciateur de Jésus.
« Comprends-tu vraiment ce que tu lis ?
Comment le pourrais-je si personne ne me guide ? ».
L’humilité du lecteur est à la mesure de l’exigence de l’amour. Comprendre vraiment !
Et pour cela, ne jamais esseuler la justesse de sa compréhension. Ne jamais s’enferrer dans la certitude possessive.
« Vous avez entendu qu’il a été dit… moi je vous dis ».
La nouveauté qui est promesse prophétique n’est pas couture d’une pièce neuve sur le vieil habit (Mc 2,21).
Elle est neuve dans le sang d’une alliance nouvelle. Ceci est mon sang, sang de la nouvelle alliance.
Ce qui se rénove n’est pas la nième restauration dont nous aurions à nous rassurer.
Ce qui est neuf est en Celui qui accomplit toute chose.
Du commandement ancien, dont nos cœurs croient trop souvent être détenteurs, s’écrit le commandement vraiment nouveau (1 Jn 2).

4) Mes trois remarques précédentes seraient vaines, si elles ne suscitaient la quatrième. Je l’illustre par cette magnifique histoire recueillie chez les Pères du désert.
L’un d’eux, et non le moindre, cherchait le sens d’une parole de Dieu. Sa quête était sincère, harassante. Décevante cependant.
Rien ne venait. Le sens ne s’éclairait jamais.
De dépit, il se leva de sa table et quitta sa cellule monastique dans l’intention d’aller consulter ses frères sur ce sens introuvable.
Un ange le croisa dès sa sortie de lui-même.
Et sans plus attendre, il lui fit don de la lumière qui manquait.
Le messager céleste avait la mission d’offrir la chose tant cherchée et qui ne se révèle pas ailleurs que dans la sacramentalité d’une réception commune.
Merveilleux récit.
Le fait d’aller vers l’autre quémander sa lumière plaisait tant à Dieu.
Le fait de sortir de soi.
Le fait de recevoir la Parole, les uns des autres.
Nous ne sommes rien les uns sans les autres, avons-nous souligné à plusieurs moments de ces Conférences.
Vivante est la Parole dans l’action qu’elle suscite de frères à frères !
Voulons-nous une intimité de la Parole qui féconde une fraternité dans la Parole ?
Prenons Thérèse de Lisieux.
Son entourage n’a de cesse de se réjouir de sa profonde joie d’Evangile.
Je cite l’Abbé de Mondaye qui préfaça l’histoire d’une Âme : « N’est-ce pas merveille de voir comment une jeune fille de vingt et quelques années, se promène avec aisance dans le vaste champ des Écritures inspirées pour y cueillir d’une main sûre les textes les plus divers et les mieux appropriés à son sujet ? ».
Mais Thérèse n’est aucunement animée de ce souci de faire de l’Ecriture le sésame d’une brillance !
La Parole n’est pas là pour l’introduire dans la cour des louanges.
Écoutons la : « Je comprends, et je sais par expérience que le Royaume de Dieu est au dedans de nous (Luc17,21). J’ai remarqué bien des fois que Jésus me nourrit à chaque instant d’une nourriture toute nouvelle. Je la trouve en moi sans savoir comment elle y est ».
Nous sommes aux antipodes de l’étalage d’un savoir.
Je comprends et je sais par expérience !
Jésus me nourrit d’une nourriture toute nouvelle.
Il le fait à chaque instant.
L’immense Teilhard de Chardin pourra dire :
« Thérèse, c’est le cas typique de renversement en oméga ! ».
Dieu fait du neuf si nous consentons à être renversés en Oméga.
Celui qui nous mendie est le Verbe éternel écrit Thérèse dans sa poétique.
Ne soyons donc pas surpris que toute sa synthèse sapientielle, comme disait Jean Paul II, soit Jésus !

J’ai commencé cette conférence en me réjouissant d’une famille humble assidue à la lecture de la Parole.
Je voudrais dire ici l’urgence de cette attitude pour 2023.
Nos rencontres synodales en sont l’illustration.
Quand elles ne s’abreuvent pas à la Parole, elles tournent court.
Quand elles s’offrent au tranchant vivifiant de la Parole, elles deviennent libres, rénovées, priantes, forces de propositions. Une réunion synodale aura-t-elle la sagesse de puiser par exemple en Actes 15, de quoi expérimenter l’âpreté nécessaire de la discussion, mais toujours dans l’écoute du Frère, et sous la mouvance de l’Esprit ?
La Parole ne nous tire surtout pas du réel.
Elle vient y accomplir avec nous la tâche du discernement.
Écoutons Hébreux 4 : « Elle est vivante la Parole et énergique. Plus affilée qu’aucun glaive à double tranchant. Elle pénètre jusqu’à la séparation de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles. Elle passe au crible les mouvements et les pensées du cœur. Il n’est pas de créature qui échappe à sa vue : tout est à nu à ses yeux, subjugué par son regard. C’est à elle que nous devons rendre compte » Heb 4,12

Nos notes bibliques nous disent que les possessifs exprimés dans le verset 13 peuvent être rapportés à Dieu, au lieu de l’être à la Parole. En grec le logos (parole) est au masculin tout comme Theos Dieu.
C’est donc à Lui que nous devons rendre compte.
Dans mon ministère, j’ai eu la joie d’introduire à Lille une conférence que donnait le Cardinal Vanhoye sur l’épître aux Hébreux. En écoutant son exposé, je compris pourquoi ce serviteur si humble avait voué sa vie à la compréhension de l’Epitre aux Hébreux !
Voici comment Albert Vanhoye unifie la mission du Christ à notre vie :
« L’offrande du Christ à Dieu est Amour extrême pour tous les hommes. Toute distance qui séparait l’homme de Dieu est comblée. Il y a une unité étroite entre Parole de Dieu et Sacerdoce du Christ. Oui, c’est le ministère de la Parole du Christ comme très actuel. Le Christ nous transmet la parole divine capable de nous sauver. D’un culte qui était forcément extérieur, inefficace, marginal par rapport à la vie, le Christ nous fait passer à une offrande qui prend toute la réalité de notre existence et la transforme profondément. Dans l’adhésion filiale à Dieu et la fraternité ! ».
Voilà pourquoi la Parole nous saisit tout entier et nous met à nu !
L’expression du verset 13, « tout est subjugué par son regard » est à entendre comme le verbe grec du lutteur qui s’avère vaincu par l’amour. Oui il y en nous le combat à livrer.
La lutte est âpre comme peut l’être ce sport olympique. Le combat de Jacob en donne toute la dimension existentielle.

Chers amis, ce que Dieu veut créer en nous est une transformation plénière à laquelle le vieil homme, et les scories de son cœur veulent opposer résistance.
Le combat se livre en nous. François de Sales insiste sur la fine pointe de l’âme au cœur de laquelle se joue le basculement.
« Qui gagne le cœur de l’homme, le gagne tout entier » dit-il pour l’apostolat.
Mais aussi, ô combien, dans cette réception de la Parole tranchante et énergique.
Bernanos fait dire à un de ses personnages :
« Le diable, c’est l’ami qui ne reste pas jusqu’au bout ! ».
Nous pouvons avoir effectivement une lecture tranquille de l’écriture. Une vision édulcorée et arrangeant bien nos projets.
Ce faux ami ne reste pas jusqu’au bout.
Notre pèlerinage sur la terre, notre croissance spirituelle ne peuvent se réaliser dans cette complaisance.
Il nous faut consentir au tranchant de la Parole.

Dieu fait du neuf si nous consentons à désencombrer le vieil homme de ce qui doit être mis à découvert de l’Amour.
Pour cela, il n’y a pas de programmation spectaculaire et clinquante.
C’est « pied à pied » dit Saint François de Sales que le cœur se dilate.
Pied à pied.
Verset par verset.
Dans l’humilité de la lectio.
Dans la discrétion de l’oraison.
Dans le scriptorium des monastères.
À l’ouverture de la réunion paroissiale.
Dans une révision de vie.
Par le podcast dans la voiture.
Dans la maison familiale.
Aux prochaines journées mondiales de la jeunesse.
Dans le silence de l’intimité. Dans la solennité des cathédrales.
L’humilité de l’accueil des mots de Dieu venant à nous aux nappes phréatiques que nous ne soupçonnons même plus.
Depuis des siècles l’enseignement de Rachi, juif français ayant vécu à Troyes de 1040 à 1105, a marqué l’accueil talmudique de la saveur des mots.
D’hier à aujourd’hui, la transmission Chrétienne de nos Pères dans la foi irrigue nos cœurs.
Noël Quesson pasteur et prédicateur angevin, visage familier des publics paroissiaux disait :
« Quand tu lis l’Écriture, tu entends quelqu’un, bonne nouvelle pour ta vie aujourd’hui ».

Vous comprenez, chers amis, mon insistance à naitre et renaître du dedans de la Parole. Elle n’est surtout pas une dérobade aux responsabilités immenses qui sont celles de l’humanité et de l’Eglise.
C’est au contraire afin d’en recevoir la force pénétrante, le sel, la lumière !
La Parole est en effet à proclamer à temps et à contretemps. C’est dans ce temps et ce contre temps que la nouveauté prend sa signification.
Ce n’est pas Paul qui le démentirait.
En 2023, plus que jamais, il nous faut exercer la patience d’enseigner la Parole, mais aussi d’en dire courageusement le signe de contradiction. Paul ne nous promet pas un succès idyllique : « Au gré de leur propres désirs, l’oreille les démangeant, certains s’entoureront de quantité de maîtres. Vers des fables, ils se retourneront ».
Le Carême n’a jamais été un long fleuve tranquille. Je dédie cette conférence à nos frères persécutés dans le monde pour l’aujourd’hui de la Parole.
St Paul nous dit à chacun ce soir : « sois sobre en toute chose, supporte la souffrance, fais œuvre d’évangéliste, remplis ton ministère ».

Concert : Trois petites liturgies de la présence Divine – Messiaen, Grieg, Debussy

Lundi 13 mars 2023 – Eglise Saint-Eustache (1er)

Maîtrise Notre-Dame de Paris, Chœur d’enfants et Jeune ensemble
Orchestre du Conservatoire de Paris
Léo Warynski, direction

 

 

En partenariat avec le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris (Stéphane Pallez, présidente, Émilie Delorme, directrice). www.conservatoiredeparis.fr

 

PROGRAMME

Edvard Grieg (1843-1907), Suite Holberg

Claude Debussy (1862-1918), Danses profanes et sacrées

Olivier Messiaen (1908-1992), Trois petites liturgies de la présence Divine

DISTRIBUTION

Maîtrise Notre-Dame de Paris, Chœur d’enfants et Jeune ensemble

Orchestre du Conservatoire de Paris

Léo Warynski, direction

TARIFS

Catégorie 1 : 40 € (pas de réduction)
Catégorie 2 : 25 € et 15 € (Tarif réduit : -26 ans et demandeurs d’emploi sur justificatif)
Exonérés : Enfants de – 12 ans

Groupes de + 10 personnes : reservation@msndp.com

En vente sur place le soir des concerts à partir de 20h, et sur notre site de vente en ligne

 

 

Plus d’informations : https://musique-sacree-www.notredamedeparis.fr/